Le texte qui suit est la présentation d’une publication du Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation (CPCP) dont le titre original est Politiques environnementales et climatiques en quête de sens. Pour un nouveau paradigme politique. Une étude réalisé par Boris Fronteddu, notamment à partir d’interviews de Jessica Delangre, chargée de mission chez Canopea.
Il existe de très nombreuses initiatives de transition en Belgique. Elles se déclinent dans une myriade de secteurs (agroalimentaire, logement, consommation, protection de l’environnement, protection des espèces animales…) et se retrouvent souvent à la croisée de plusieurs d’entre eux. Celles-ci sont menées tant à des échelles locales (communes, quartiers) que régionales ou nationales. Elles sont le fait d’associations, d’organisations non gouvernementales (ONG), de collectifs citoyens, d’initiatives personnelles et/ou de politiques publiques. Dans le cadre de cette analyse, nous avons interviewé Jessica Delangre, chargée d’éducation permanente à Canopea 1 et membre de la coordination d’Occupons le terrain 2 ainsi que Zoé Gallez, membre de Terre en vue 3. Ces deux organisations sont actives en Wallonie et visent à aider les acteurs de terrain dans les luttes, respectivement contre l’artificialisation des sols et pour l’accès à la terre des agriculteurs. Ces interviews ont permis de mettre en lumière de quelle façon les politiques locales et régionales apparaissent parfois aller à l’encontre des ambitions environnementales et climatiques affichées par ces mêmes autorités publiques. En ce sens, certaines prises de décision politique peuvent, à première vue, sembler incohérentes. Par exemple, lorsque l’annonce du développement de Liège Airport précède l’annonce du plan wallon pour lutter contre la bétonisation.
Ces « incohérences » révèlent en réalité le cadre général dans lequel s’inscrit l’action politique. Comme nous allons le voir, celui-ci ne semble plus répondre aux enjeux environnementaux et climatiques du XXIe siècle. En effet, durant la majeure partie du XXe siècle, la gestion des ressources naturelles au sein des pays développés était basée sur l’usage d’objectifs chiffrés et de la technologie afin d’isoler et de tenter de contrôler des variables (telles que la végétation, une espèce animale, les taux de pollution…). Or, cette approche tend à ignorer la complexité inhérente aux politiques environnementales. Celles-ci s’inscrivent, en effet, dans un cadre plus large, à savoir, celui des multiples interactions entre les variables des écosystèmes au sein desquels évoluent nos relations sociales de production et de consommation.
Afin d’illustrer la nécessité de développer un nouveau cadre d’analyse pour l’action politique, nous dressons un bref aperçu des grands principes mis en exergue par la recherche sur les régimes sociométaboliques développée par l’école d’écologie sociale de Vienne. Celle-ci se base sur l’intégration de nos relations de production et de consommation au sein des écosystèmes et sur l’influence que ces derniers exercent l’un sur l’autre. En d’autres termes, la recherche sur les régimes sociométaboliques vise à intégrer les lois fondamentales des sciences naturelles dans le cadre de l’analyse socioéconomique.
La deuxième partie de cet article explicite en quoi ce champ de recherche pourrait se révéler pertinent afin de renforcer la cohérence entre les politiques environnementales, climatiques et socioéconomiques. Par le biais de quelques exemples et, notamment, de l’étude du métabolisme urbain de la Région bruxelloise réalisée par Bruxelles Environnement, nous soulignons l’importance des indicateurs alternatifs au Produit intérieur brut (PIB) afin de développer d’autres politiques, notamment, dans le cadre de la gestion des sols et des terres nourricières.
Nous concluons en insistant sur la nécessité de constituer des bases de données publiques concernant les flux de matières et d’énergie nécessaires au maintien et à la reproduction du tissu social et productif local et national. L’identification et la quantification de ces flux permettent, en effet, d’appréhender de façon plus précise les risques et les profonds bouleversements auxquels la raréfaction des ressources et le dérèglement climatique exposent nos systèmes socioéconomiques. C’est à la lumière de ces risques que pourront être développées des stratégies politiques cohérentes pour créer les conditions d’une transition vers un nouveau régime sociométabolique dont la structure n’excéderait par la capacité d’absorption des écosystèmes.
Pour lire la publication : http://www.cpcp.be/wp-content/uploads/2022/11/politiques-climatiques.pdf
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