Isolé, le mouvement environnemental ne peut rien accomplir. La lutte contre le réchauffement climatique a besoin de toutes les forces vives de la société. La nouvelle campagne « Sign for My Future » mise sur la démarche collective.
« Sign for My Future » a atteint 100.000 signatures en une semaine. À côté des mobilisations spectaculaires des derniers mois, c’est un signal de plus envoyé au monde politique pour rappeler que le changement climatique est une préoccupation majeure pour la population. Mais à côté de ce soutien, certaines voix s’inquiètent de la présence d’entreprises parmi les signataires, voire parfois condamnent l’initiative en se basant sur de fausses informations. Il nous semble dès lors essentiel de rappeler pourquoi et comment cette campagne a été mise sur pied, et pourquoi nous la soutenons depuis sa genèse.
Cela fait des décennies que le monde environnemental et scientifique se bat pour la prise de conscience climatique. Depuis la Conférence de Rio en 1992, il y a eu 24 COP Climat… 24 Conférences des Parties !
Et malgré ces 24 réunions au plus haut niveau, malgré les rapports du Giec qui s’empilent dans nos armoires, malgré les appels répétés de la société civile et des scientifiques, les émissions continuent à augmenter et le sujet peine à percer à l’agenda politique.
Lorsque les initiateurs de la campagne nous ont contactés avec le projet de lancer une large campagne visant à mettre la question climatique au sommet de l’agenda politique, nous n’avons pas hésité longtemps. Leur approche était neuve, basée sur une mobilisation massive des citoyens, à travers une grande campagne de communication, permettant de toucher au-delà des convaincus de la première heure.
Elargir les cercles
Car par notre travail politique, nous savons que pour faire bouger les choses, il faut que les propositions soient portées par différents corps de la société : société civile, entreprises et citoyens. Seul sur son île, le mouvement environnemental est écouté… d’une oreille distraite… Il y a toujours un sujet plus pressant… Le besoin de sortir de nos cercles, d’élargir nos audiences et donc d’augmenter notre impact nous a semblé une évidence.
Avancer dans le débat climatique
En quelques mots, qu’est-ce que « Sign for my Future » ? C’est une campagne qui vise à rassembler le plus grand nombre de signatures pour soutenir une direction claire : le respect de l’Accord de Paris dans un cadre légal qui s’impose à tous, citoyens comme entreprises. Pour ce faire, la campagne pose trois demandes : une loi climat qui pose un cadre légal aligné sur les objectifs de Paris, un plan d’investissement pour une transition socialement juste et un comité d’experts indépendants pour évaluer l’action du gouvernement en matière climatique. Si ces demandes ne sont pas suffisantes en soi, un large accord sur celles-ci serait une avancée substantielle dans le débat climatique.
« Sign for my Future » n’est pas une initiative des grandes entreprises ; elle n’est pas financée par les multinationales (l’équivalent de 5 millions d’euros en espace médiatique a été négocié pro bono avec les différents médias) ; elle n’est pas une campagne de greenwashing et ne comporte d’ailleurs aucun logo, aucune entreprise n’a influencé le contenu de cette campagne… Les entreprises sont signataires de la campagne, pas les initiatrices de celle-ci.
Un groupe stratégique pluriel
Qui est derrière la campagne « Sign for my Future » ? La campagne a été initiée en 2016 par deux pères inquiets pour l’avenir de leurs enfants, Guy Weyns et Koen Verwee. Depuis près de deux ans, la campagne est pilotée par une quinzaine de personnes issues des médias, de la société civile, du monde scientifique et environnemental et des entreprises. Ces personnes siègent à titre individuel et ont été choisies pour leur expertise tout en en veillant à ce que les différents corps de la société soient représentés. C’est ce groupe de pilotage qui prend les décisions stratégiques, pas les signataires de la campagne.
A côté de ce groupe de pilotage, il y a des ambassadeurs, des personnes qui se sont engagées à soutenir la campagne et en diffuser les messages. Ce cercle est constitué de responsables d’entreprises, d’universités, d’ONG, de syndicats, de mouvements de jeunesse, etc. Par leur soutien, ces ambassadeurs nous permettent d’augmenter considérablement la visibilité de la campagne. Ils ne sont pas impliqués ni consultés dans la prise de décision sur les orientations de la campagne. Leur soutien se focalise sur les trois demandes clés de la campagne.
Une campagne pertinente
Bien entendu, chacun reste libre de considérer que soutenir « Sign for my future » est louable ou non et en démocratie, le débat est sain… à condition qu’il se base sur des faits et des vérités, non sur des suppositions. Pour notre part, nous restons mobilisés et convaincus de la pertinence de cette campagne. Car plus le nombre de signatures sera élevé, plus le signal envoyé au monde politique sera fort. L’objectif de cette campagne est que la lutte contre les changements climatiques soit au cœur des élections qui approchent et le ciment des prochains accords de gouvernement ! Et soyez certains que cette campagne n’est qu’une petite partie du travail que les associations environnementales mènent pour léguer une planète vivante à nos enfants.
Vous trouverez dans ce numéro de nIEWs, et en complément de ce texte, 12 questions/réponses sur la campagne « Sign For My Future »
Ce texte est une Carte Blanche parue sur Le Soir + et co-signée par Céline Tellier, directrice politique d’IEW et Antoine Lebrun, directeur WWF Belgique.