Ce vendredi 1er juin, la Fédération Inter-Environnement Wallonie a rendu public le « Cahier de recommandations à l’usage des autorités et des exploitants » issu du travail de la Coordination Carrières. Cette Coordination, lancée en 2010, regroupe des associations membres et non membres de la Fédération, qui ont en commun le voisinage présent, futur ou passé d’une carrière. Ces associations ont travaillé ensemble durant l’année 2011 pour développer leurs connaissances puis élaborer des recommandations pour améliorer les relations entre carriers et riverains.
En effet, tout au long de ces échanges entre associations, le sentiment général a été celui d’un rapport de force favorable aux exploitants : procédures, emplois, moyens financiers… Pourtant dans certaines exploitations ces rapports sont plus équilibrés et il est possible pour les riverains de faire entendre leur voix. Le but n’est pas de remettre en cause l’activité extractrice, source d’emplois non délocalisables et pourvoyeuse de matériaux locaux, mais bien de permettre une meilleure cohabitation.
Le premier volet de ces recommandations porte sur une meilleure communication et implication des riverains. Les exploitants gagneraient en transparence en impliquant les riverains le plus en amont possible lors de leurs projets (extension, nouvelle exploitation…), soit au sein d’un comité d’accompagnement lorsqu’il est présent, soit en entrant en relation avec les riverains et les associations aux alentours du site. Les comités d’accompagnement, rassemblant exploitants, administration et riverains, sont cependant encore parfois perçus comme non représentatifs, peu actifs etc. En plus d’une harmonisation des critères d’instauration d’un comité d’accompagnement, les associations demandent une meilleure représentativité des riverains au sein de ces comités, via des élections renouvelées régulièrement. Enfin, pour s’assurer que les comités d’accompagnement soient le plus fonctionnels possible, les propositions élaborées dans une Charte par la Commission Régionale d’Avis sur l’Exploitation des Carrières (CRAEC) sont plus ambitieuses que les dispositions légales en la matière et doivent être concrétisées sur le terrain. Elles reprennent une série d’engagements que peuvent faire exploitants mais aussi riverains pour que la communication se passe le mieux possible.
A côté de ce volet communication, les recommandations des associations couvrent des domaines plus austères. Ainsi, le deuxième axe fait appel au cadre réglementaire (révision du système des compensations alternatives) et au renforcement des contrôles, pour lesquels l’administration manque de moyens. Sur le troisième volet (la réduction des nuisances pendant l’exploitation) les recommandations s’articulent à la fois sur les conditions sectorielles « carrières » qui ont besoin d’être remises à jour, mais aussi sur des aspects locaux, plus difficiles à régler par des textes de lois : charroi local, poussières, vibrations, mais aussi dégâts subis par les maisons en raison de tirs de mine et/ou de l’affaissement du terrain suite aux pompages intensifs… Il manque d’ailleurs d’une procédure uniformisée d’indemnisation de ces dégâts. Le but n’est évidemment pas de faire porter au seul secteur carrier le poids des pompages qui peuvent coexister dans une même zone, mais d’arriver à une indemnisation équitable.
Les recommandations des associations ont enfin abordé deux thèmes plus traditionnellement associés aux carrières : la biodiversité et le réaménagement. On pense souvent que l’un va avec l’autre, mais pour les membres de la Coordination la gestion d’une carrière en activité n’est pas incompatible avec l’accueil de la biodiversité. Il suffit d’un talus pour héberger la flore locale, tandis que quelques coups de pelle mécanique peuvent créer des mares temporaires. Mais ce n’est pas le métier d’un carrier que de créer des aménagements « biodiversité », et des partenariats sont indispensables, que ce soit avec l’administration ou des naturalistes. Le réaménagement d’une carrière, enfin, s’il ne doit pas forcément prendre la forme d’une réserve naturelle, doit en tout cas être réfléchi dès l’obtention des premiers permis, quitte à réévaluer la pertinence de l’option choisie en cours d’exploitation. Le développement de projets locaux doit être favorisé, et la biodiversité peut être accueillie même dans une zone de loisirs, en gardant des falaises ou des pelouses calcaires.
Les recommandations de ce cahier couvrent donc une large gamme d’impacts. Cependant, pour chacun, des solutions existent déjà dans l’une ou l’autre (ou plus!) carrière. A travers ce cahier de recommandations, les associations et la Fédération souhaitent généraliser ces exemples de bonnes pratiques pour développer un modus vivandi entre exploitations extractives et riverains. Nous espérons que ce souhait sera entendu par l’ensemble des acteurs et que ces recommandations deviendront bientôt réalité.