Ce 6 décembre s’est ouverte à Copenhague la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement climatique. Plusieurs dizaines de milliers de délégués provenant de 192 pays vont tenter de s’accorder et de définir les contours d’une politique pour lutter efficacement contre les bouleversements climatiques.
A l’ouverture de ce Sommet, les questions restent nombreuses: sur quel accord va-t-il déboucher? Sera-t-il ambitieux ? Les Etats-Unis et la Chine vont-ils le signer ? Parviendra-t-on à maintenir le réchauffement global désormais inéluctable sous la barre des 2°C ?
Une base scientifique indiscutable
En 2007, le GIEC publiait ses derniers rapports montrant l’urgence de l’action nécessaire afin de limiter les effets du réchauffement global[N’en déplaise aux climato-sceptiques de plus en plus prolixes ces dernières semaines, les travaux scientifiques qui permettent d’affirmer l’influence de l’activité humaine dans ce réchauffement sont validés par l’essentiel de la communauté scientifique mais aussi par les autorités politiques des pays membres du GIEC. En effet, le résumé à l’attention des décideurs – le document “politique” du GIEC – est négocié par l’ensemble des pays membres : il y a donc accord sur son contenu.]] . La même année, le rapport Stern paraissait. Le coût de l’inaction s‘y révélait bien supérieur à celui de mesures en faveur de la lutte contre les bouleversements climatiques. A l’approche de Copenhague, de [nouveaux rapports ont davantage encore tiré la sonnette d’alarme : le réchauffement est plus rapide que prévu et les conséquences en seront plus dommageables encore.
Ce que devrait contenir un bon accord
Les ONG environnementales considèrent que cinq mesures cruciales doivent être actées à Copenhague[Pour en savoir plus : [Copenhague – les associations environnementales rencontrent le Ministre Magnette ]] :
a. fixer des objectifs ambitieux et contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
b. fournir le soutien financier nécessaire aux pays en développement ;
c. définir un cadre permettant de mettre en place des économies sobres en carbone ;
d. réduire les émissions liées à la déforestation ;
e. s’occuper de manière urgente de l’adaptation.
Kyoto II ou Copenhague ?
La période de validité du Protocole de Kyoto, signé en 1997 et entré en vigueur en 2005, se termine fin 2012. Il n’existe pour le moment aucun traité engageant les pays membres des Nations Unies à faire des efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) après le 1er janvier 2013.
Pour pérenniser les efforts réalisés sous Kyoto, il convient de lui trouver un successeur, c’est-à-dire un Traité qui concerne l’ensemble des pays de la planète (Kyoto n’impliquait que les pays industrialisésné mais certains n’ont pas respecté leurs engagements de Kyoto (Canada) voire ont signé le Protocole mais ne l’ont jamais ratifié : Etats-Unis), qui soit contraignant pour les signataires et qui balise déjà les efforts à faire au-delà de l’horizon 2020.
La formule de l’accord doit encore être écrite mais elle devra contenir des objectifs de réduction d’émission, un volet sur le financement et un dernier sur le calendrier.
Une redéfinition des rapports de force dans le monde
A Copenhague, outre les négociations sur des objectifs de réductions d’émissions de GES, on discutera aussi – et beaucoup – des efforts financiers nécessaires pour permettre aux pays pauvres de s’adapter aux bouleversements climatiques et de mettre en place un développement propre.
En effet, ni les pays émergents (emmenés par le Brésil, la Chine et l’Inde) ni les pays pauvres n’accepteront des réductions d’émissions de gaz à effet de serre sans contrepartie financière.
Rappelons que si la Chine est devenue le premier émetteur mondial de GES, il n’en reste pas moins qu’un Chinois émet 4 à 5 fois moins qu’un Américain ou encore 2,5 fois moins qu’un Belge. Rappelons aussi que les émissions historiques de GES sont originaires pour les ¾ des pays industrialisés. Et quand on sait que ces émissions s’accumulent dans l’atmosphère pour des centaines d’années, on comprend la position des pays du Sud : des efforts différenciés, en fonction de ses moyens et de la responsabilité historique.
A Copenhague, l’occasion est donné de redéfinir les rapports de force entre les différents Etats de la planète. Aucun accord ne pourra être qualifié de succès s’il ne remporte l’adhésion de l’essentiel des pays et surtout des pollueurs « historiques » majeurs. Dans les engagements qu’il nécessite – réductions des émissions des pays riches, transferts financiers de ces derniers – l’accord à venir augure une nouvelle ère de relations entre le Nord et le Sud de la planète.
Pourquoi agir maintenant ?
D’aucuns diront que la crise économique est un sujet bien plus préoccupant que les bouleversements climatiques dont on perçoit relativement peu les effets pour l’instant. C’est toutefois oublier que les GES et en particulier le CO2 ont une très longue durée de vie et s’accumulent dans l’atmosphère. C’est comme si celui-ci se revêtait de multiples couvertures et n’en enlevait jamais. Pour limiter les effets de réchauffement à la fin du XXIème siècle, il est urgent d’agir dès maintenant.
Et la suite ?
La lutte contre le réchauffement climatique ne s’arrêtera pas à Copenhague. Dès 2010, de nouvelles réunions affineront les textes, mettront en ½uvre les décisions et feront les rectifications nécessaires afin d’améliorer le fonctionnement des mécanismes mis en place.
A cet égard, il importe que la mobilisation citoyenne reste active : en maintenant la pression sur les décideurs politiques, elle permettra le respect des engagements ambitieux indispensables pour parvenir à maintenir le réchauffement global sous les 2°C et l’adoption des mesures nécessaires pour préserver le cadre de vie des plus vulnérables.