Une coalition d’ONG publie une analyse détaillée de la consommation de biocarburants en Belgique. Les chiffres montrent que les matières premières alimentaires et agricoles sont prédominantes et consommées à une échelle massive dans les biocarburants. Cette pratique a des impacts négatifs sur le climat et la biodiversité, sur notre souveraineté alimentaire, ainsi que sur les droits humains dans les pays du Sud. Elle cause également un surcoût inutile pour le consommateur.
La situation dramatique en Ukraine aggrave fortement les tensions sur les marchés alimentaires. L’ONU alerte sur la nécessité d’agir pour éviter un “effondrement du système alimentaire mondial”. Dans ce contexte, les ONG demandent au Gouvernement d’accélérer la réduction de l’usage des biocarburants produits à partir de matières premières alimentaires dans les carburants en Belgique.
L’analyse est réalisée sur base des chiffres de consommation officiels mis à disposition par l’Administration fédérale. Elle est publiée par les organisations suivantes : Inter-Environnement Wallonie, Oxfam-Belgique, CNCD-11.11.11, FUGEA, FIAN Belgique, le Centre tricontinental, Greenpeace Belgique, Natagora, le Mouvement d’Action Paysanne, Boerenforum, 11.11.11, BOS+, Natuurpunt et Bond Beter Leefmilieu.
Les chiffres montrent un recours accru aux huiles de palme et de soja depuis plusieurs années, mais aussi une nouvelle utilisation à large échelle de résidus animaux (graisses) dans les carburants vendus aux pompes belges. La quantité de céréales consommées dans les carburants est également en forte augmentation ces dernières années. Au total, plus d’un milliard de litres de biocarburants ont été consommés en Belgique en 2020, ce qui constitue un record absolu. La Belgique ne produit que 9% des matières premières utilisées dans ces biocarburants. Le reste, importé, provient à 58% de pays situés hors de l’Union Européenne.
Le bilan global de cette politique est une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les biodiesels, une concurrence alimentaire néfaste au niveau mondial, et un surcoût inutile pour les consommateurs en Belgique (plus de 300 millions d’euros par an). La situation dramatique en Ukraine renforce les tensions déjà existantes sur les marchés alimentaires, et doit nous pousser à un usage raisonné et solidaire des ressources alimentaires et énergétiques.
Un phasing-out de l’obligation d’incorporation des biocarburants issus de matières premières alimentaires est discuté depuis des mois au sein du Gouvernement fédéral. Les ONG demandent d’accélérer la mise en place de ce phasing-out, et de mettre ainsi un terme au soutien public massif que reçoivent les biocarburants issus de matières premières alimentaires.
Lien vers l’analyse des ONG : Evaluation de la politique belge d’incorporation d’agrocarburants (Mars 2022)