Ce matin, les représentants des Etats membres de l’Union européenne ont adopté les critères qui serviront à l’identification des perturbateurs endocriniens (PE). Les demandes pressantes d’amélioration de ces critères, portées tant par la société civile que par les scientifiques, afin d’assurer une réelle protection de la santé humaine n’ont pas été entendues par un nombre suffisants d’Etats-Membres.
Inter-Environnement Wallonie, Test-Achats et le Gezinsbond regrettent l’adoption, ce matin, des critères d’identification des perturbateurs endocriniens car ils ne permettront pas de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement, tel que demandé par les citoyens européens et les scientifiques. En effet, il y a peu, trois sociétés de renommées internationales sur les questions d’endocrinologie ont tiré la sonnette d’alarme quant aux lacunes de la proposition de critères et ont formulé des propositions concrètes d’amélioration. Par ailleurs, plus de 450.000 citoyens européens ont signé une pétition demandant aux Etats-Membres de rejeter la proposition de la Commission européenne. Ces avertissements ont visiblement convaincus la Commission d’étendre le champ de critères d’identification aux perturbateurs endocriniens présumés. Mais malgré cette avancée, le texte finalement adopté reste problématique.
Pour rappel, les principales préoccupations concernant la proposition actuelle sont les suivantes :
• l’exigence de niveaux de preuve élevée quant aux effets néfastes des perturbateurs, ce qui rendra leur identification difficile et risque d’entrainer des retards dans le retrait de ces substances du marché ;
• l’exemption proposée pour les pesticides et biocides conçus pour agir sur le système hormonal des insectes ; et
• l’absence de transversalité des critères actuels, ce qui empêchera leur application aux autres catégories de perturbateurs endocriniens.
Des critères ambitieux permettraient à l’Europe de jouer un rôle de leader, de montrer l’exemple et d’initier les mesures urgentes pour réduire l’exposition des citoyens à ces substances toxiques. La balle est désormais dans le camp du Parlement Européen, qui peut rejeter cette proposition de critères.
La décision de la Belgique de soutenir ces critères, alors que des améliorations du texte étaient encore possibles et indispensables, est une déception. Le manque d’ambition des États membres de l’UE – s’il est confirmé par le Parlement européen – entraînera des coûts importants pour la santé publique et la société. Le fardeau actuel pour les budgets de santé publique des maladies découlant de l’exposition aux PE dans l’Union européenne est estimé à au moins 163 milliards d’euros par an (Burden of disease and costs of exposure to endocrine disrupting chemicals in the European Union: an updated analysis https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27003928).
Contacts
Valérie Xhonneux, chargé de mission santé-environnement – 0472 476 419
Julie Frère, porte parole Test-Achats – 0495 52 82 35
Danielle Van Kalmthout, attaché studiedienst Gezinsbond – 0474 76 26 47