La Wallonie n’a pas encore connu de situation de pénurie d’eau nécessitant des restrictions plus importantes qu’une limitation des usages non essentiels chez les particuliers. Le dérèglement climatique rend pourtant cette situation plus probable à l’avenir.
La Wallonie travaille donc actuellement à l’établissement d’un décret visant à prioriser les usages en cas de manque. Mais comment se répartit-on l’eau actuellement, qui a la priorité et qu’en sera-t-il à l’avenir ?
FACTS:
- 80% de l’eau captée dans les nappes phréatiques est utilisée pour l’eau de distribution.
- L’agriculture consomme moins de 1% de l’eau captée en Wallonie, mais ce chiffre devrait évoluer avec les besoins en irrigations dus aux dérèglements climatiques.
- 4.2%, c’est le taux actuel d’exploitation de l’eau douce en Wallonie. Au-delà de 20%, l’exploitation est trop importante par rapport à la capacité des ressources.
- En 2019, 16% des communes wallonnes ont dû mettre en place des restrictions à l’utilisation de l’eau
Utilisation actuelle de l’eau en Wallonie
En 2018, 1 768 millions de m3 d’eau ont été captés en Wallonie, à la fois dans les cours d’eau et dans les eaux souterraines.
Il y a 4 fois plus d’eau captée dans les eaux de surface, mais la majorité de cette eau, utilisée pour le refroidissement de centrales électriques et d’industries, est restituée directement à la rivière en aval du site. Seuls 2% du volume capté ne sont pas restitués, car ils sont transformés sous forme de vapeur lors du processus et évaporés dans l’atmosphère. En revanche, l’eau restituée est plus chaude que l’eau captée en amont, avec une différence de T° de plusieurs degrés.
Focus sur l’eau souterraine
La majeure partie de l’eau souterraine captée est utilisée pour la distribution publique. Le secteur carrier est également un gros consommateur d’eau. En effet, pour exploiter les carrières sous le niveau d’eau, les carriers pompent en continu l’eau souterraine pour travailler à sec. Dans la majeure partie des cas, cette eau est rejetée directement en surface dans un cours d’eau. Un gros enjeu futur consiste ainsi à pouvoir valoriser cette eau, de bonne qualité, pour d’autres usages, notamment agricoles ou pour la distribution d’eau publique.
L’agriculture ne concerne actuellement que 1% du volume d’eau souterraine utilisé. En effet, comme les précipitations sont normalement assez régulières sur notre territoire, les besoins d’irrigation pour les cultures sont encore très faibles. On s’attend cependant à ce qu’ils évoluent rapidement dans les années à venir, avec l’augmentation de fréquence des épisodes de sécheresse.
Pour l’instant, on considère que le taux d’exploitation des aquifères en Wallonie est de 4.2% (indicateur WEI+). L’Europe fixe une valeur limite de 20%, au-delà de laquelle l’exploitation de l’aquifère est trop importante par rapport à la capacité de celui-ci.
Et en cas de pénurie ?
La cellule Sécheresse, composée de représentants de l’administration et des acteurs de la production/distribution d’eau, se réunit régulièrement en été pour faire un point sur la situation des réserves en eau (niveaux dans les barrages-réservoirs, évolution des débits d’eau de surface, évolution des niveaux d’eau souterraine).
C’est cependant la compétence des communes de mettre en place des limitations. En effet, en cas de sécheresse, la demande en eau peut augmenter de 30%, rendant l’approvisionnement plus compliqué. Cela peut résulter en de grandes disparités dans les restrictions en fonction de l’accessibilité à la ressource de la commune. Les activités « non essentielles », comme laver sa voiture, arroser des fleurs ou des terrains de sport, remplir une mare, ou une piscine ou nettoyer un balcon peuvent alors être interdites. En 2019, c’est plus de 42 communes, soit 16% des communes wallonnes, qui ont du mettre en place des restrictions.
Vers un décret de priorisation des usages de l’eau
La Wallonie n’a pas encore connu de situation de pénurie d’eau nécessitant des restrictions plus importantes qu’une limitation des usages non essentiels chez les particuliers. Le dérèglement climatique rend pourtant cette situation plus probable à l’avenir. La Wallonie travaille donc sur l’établissement d’un décret qui vise à prioriser les usages de l’eau en cas de pénurie. Des codes couleurs pourraient alors être appliqués en fonction de l’état des ressources en eau, et certaines utilisations de l’eau, domestiques, industrielles, touristiques ou agricoles, pourraient être limitées en fonction des seuils. Pour Canopea, il est crucial qu’une priorité absolue soit donnée à la distribution d’eau de consommation, ainsi qu’à une limitation des pompages dans les cours d’eau afin d’y maintenir un niveau minimal et d’ainsi d’éviter la perte irréversible d’écosystèmes fragiles.
Et après ?
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Crédit photo d’illustration : Adobe Stock
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