Joëlle Milquet, la nouvelle ministre de la Culture de la Communauté Wallonie-Bruxelles, a remis le dossier de la communauté urbaine pour Bruxelles sur la table ce lundi 3 novembre. Dans une interview à La Libre Belgique et à la Dernière Heure, l’ex-vice-Première ministre a souligné le caractère essentiel de cette politique sur laquelle les francophones auraient l’obligation de s’entendre dans les mois à venir en raison du contexte politique crispé d’asymétrie de majorité entre Fédéral et régions.
La question de la communauté urbaine de Bruxelles est en train de devenir un vrai serpent de mer dans la politique belge. On en parle très régulièrement mais le dossier stagne. L’enjeu est pourtant de taille. La fédéralisation de la Belgique a accouché dans les années 1980 d’une troisième région aux caractéristiques très spécifiques, la Région bruxelloise. Officiellement bilingue, elle présente un territoire quasi exclusivement urbain. Des caractéristiques qui la distinguent très fortement de la Wallonie et de la Flandre.
Son statut de capitale nationale et européenne et sa grande attractivité économique, associés à l’éparpillement important de la population sur le territoire belge, rendent la Région bruxelloise très interdépendante des régions voisines. On y travaille tous les jours sans y résider. Presque tout ce qu’on y mange vient d’ailleurs. L’énergie qui l’alimente est produite pour l’essentiel dans les deux autres régions. Comme l’eau qu’on y boit. En conséquence, si la Wallonie et la Flandre ont besoin de Bruxelles, l’inverse est aussi vrai.
La sixième réforme de l’Etat a doté les régions de nouvelles compétences primordiales. Ainsi, l’aménagement du territoire au sens large, géré de manière historique par les régions, s’est vu par exemple augmenté d’une composante « développement commercial ».
Et ce renforcement des compétences régionales pose de plus en plus question au cas particulier de la Région bruxelloise. En effet, son territoire bruxellois est très étriqué – les 19 communes –, et de nombreuses questions concernant les dynamiques de sa métropole – l’ensemble des communes du Brabant flamand et une majorité des communes du Brabant wallon – sont à présent gérées par les régions flamande et wallonne.
Alors qu’il serait tellement plus pertinent de penser les dynamiques au niveau métropolitain, que ce soit en terme de développement économique – zones d’activités économiques, stock de bureau –, de mobilité – RER, autoroute… –, de logement – densification de quartiers bruxellois, poursuite du développement de lotissements en périphérie –, ou encore de biodiversité – la Forêt de Soignes est à cheval sur les trois régions –, c’est dans les faits quasiment au niveau communal qu’elles sont aujourd’hui gérées … Ce qui donne lieu à de nombreux dysfonctionnements.
Une communauté urbaine bruxelloise, ou en tout cas, un organe de concertation de différentes politiques entre les trois régions pour l’aire métropolitaine bruxelloise, est indubitablement une nécessité. Le gouvernement Di Rupo avait mis en place une plate-forme ponctuelle réunissant les ministres de l’aménagement du territoire des trois régions. Il faut aller plus loin.