Malgré un courrier circonstancié envoyé hier par une large coalition d’associations aux ministres belges concernés par le renouvellement au niveau européen de l’autorisation de commercialisation du glyphosate, la Belgique vient d’annoncer qu’elle soutenait l’avis de la Commission, avis irresponsable si l’on tient compte de la santé des citoyens et de la protection de l’environnement. Pour tenter d’inverser la tendance, une pétition rassemblant 174.000 signatures sera remise au Commissaire européen à la santé et aux représentants des Etats-Membres ce lundi 7 mars, juste avant la réunion décisionnelle en la matière.
En mars 2015, le glyphosate a été classé comme cancérigène probable pour l’homme par l’Agence Internationale de Recherche contre le Cancer (CIRC), l’agence mondiale la plus éminente en la matière. D’après le Règlement européen 1107/2009, les substances actives de pesticides susceptibles de causer le cancer doivent être bannies du marché européen.
Deux évaluations du glyphosate aboutissent à la conclusion contraire et le considèrent comme « non carcinogène » : celle de l’Institut fédéral allemand d’évaluation du risque (BfR) (l’Allemagne est rapporteur pour l’Union Européenne) et celle l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA).
L’évaluation officielle au niveau européen doit, elle, débuter à la fin de ce mois et devrait durer environ 18 mois. Ce n’est qu’alors que la substance sera classée pour ses propriétés cancérigènes. La médiatrice européenne vient précisément de critiquer la Commission qui accorderait cette autorisation alors que des données importantes relatives à certaines propriétés du glyphosate manquent !
Niant ces faits et arguments, la Commission propose d’ores et déjà un renouvellement d’autorisation pour la période maximale possible. La Belgique, malgré l’appel à la clairvoyance des citoyens et des associations vient d’annoncer qu’elle soutient cette proposition (http://borsus.belgium.be/fr/la-belgique-durcit-les-règles-d’approbation-du-glyphosate) en faisant miroiter un durcissement des conditions de mise sur le marché.
La décision ferme devra être prise début de semaine prochaine par le comité permanent pour les plantes (Standing comitee for plants, animal food and feed), réunissant les représentants des ministres responsables pour l’autorisation des pesticides des 28 Etats-membres de l’Union Européenne.
La proposition de la Commission va totalement à l’encontre de la classification du CIRC et de l’inquiétude légitime quant aux risques pour la santé et l’environnement liés à l’utilisation du glyphosate qui émerge au sein des communautés scientifiques et médicales, ainsi qu’auprès des citoyens et de certains gouvernements nationaux.
En déposant une pétition forte de 174.000 signatures de citoyens européens, la coalition d’associations dont font partie IEW et Nature & Progrès espère que la raison reprendra ses droits et que la protection de la santé des citoyens et de l’environnement constituera bien l’argument décisif qui conduira à l’interdiction définitive de commercialisation de cette substance dangereuse.
Contact : Valérie Xhonneux, 0472 47 64 19
Courrier envoyé par les associations à Marie Christine Marghem, ministre de l’énergie, de l’Environnement et du développement durable, Maggie De Block, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé publique et Willy Borsus, Ministre des Classes Moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture et de L’intégration sociale :