Déchets : la prévention régresse (encore)

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Ressources
  • Temps de lecture :4 min de lecture

Le Crioc a développé, sur base de son enquête annuelle, divers indicateurs sur les attitudes, perceptions et comportements des consommateurs en matière de prévention des déchets.

Le caractère récurrent de cette enquête permet de suivre différentes tendances et d’évaluer les programmes et actions mis en place. Elle fournit également un outil d’aide à la décision pour réorienter les actions existantes ou développer de nouvelles actions.
Les résultats de la dernier mouture de l’enquête « Indicateurs de la prévention 2009 » apportent de nombreux enseignements… dont le premier est que la majorité des personnes interrogées estiment que tri et participation aux collectes sélectives sont des actes de prévention, alors qu’il s’agit en fait d’actes de gestion des déchets. Même si ce n’est pas négatif en soi (le tri est un « bon » geste à soutenir, une fois que le déchets existe, et qu’il n’est pas réutilisable…), cette confusion témoigne de l’impression dominante (et à mettre en question) que les déchets sont inévitables.

Un tiers des ménages déclare faire du compost chez eux et 78% d’entre eux déclarent s’être informés pour produire un compost de qualité; 88% des personnes qui réalisent un compost s’en sont d’ailleurs déclarés satisfaits. Cependant, 50% des Wallons ont encore des a priori très négatifs sur le compostage (odeurs, animaux indésirables).
Par contre, concernant le gaspillage alimentaire, les déclarations de comportement essuient un recul significatif : moins de déclarations concernant l’utilité de faire une liste de course avant d’aller au magasin, de consommer ses restes alimentaires…

Enfin, même si 80% des wallons déclarent connaître l’autocollant « stop-pub », et que 80% des wallons reconnaissent recevoir trop de pub dans leur boîte aux lettres; seul 24% déclarent l’apposer… Par ailleurs, un wallon sur 4 dit connaître la liste Robinson.

De façon générale, la dégradation de l’environnement est descendue dans le ranking des préoccupations des wallons: de la 3ème place en 2007 à la 10ème place en 2008 et 2009[[N°1 à 10 : Chômage, Pauvreté , Éclatement de la Belgique , Insécurité , Niveau des impôts , Évolution de la famille , Réchauffement climatique , Maladies , Manque de civisme , Dégradation de l’environnement , Racisme]] . Le réchauffement climatique est quant à lui passé de la 4ème place en 2007 à la 7ème place en 2009.
De 2008 à 2009, le taux de répondants reportant la responsabilité principale des problèmes environnementaux sur les industries a augmenté de 20% (plus de 4 répondants sur 5 affirment que pour réduire les problèmes environnementaux, ce sont surtout les producteurs qui doivent agir).

Cet indicateur est intéressant si on considère que le rejet des responsabilités sur d’autres acteurs peut refléter le désengagement personnel. Ce qui n’est pas complètement vérifié ici, du fait que les répondants sont plus nombreux à être intéressés par l’environnement et ils semblent aussi davantage conscients tant de leur contribution à la production de déchets que de leur pouvoir d’action. Néanmoins, en 2008, ils déclarent moins souvent faire un effort pour l’environnement ou être prêts à faire un effort supplémentaire.

Dans la foulée, le CRIOC a réalisé une étude sur la perception et les attitudes du consommateur en matière de compréhension de l’application du coût-vérité dans la gestion des déchets. Et là, les résultats de l’enquête indiquent que les citoyens acceptent la logique du « pollueur-payeur » (et que donc eux, producteurs de déchets payent pour la gestion de ceux-ci) même s’ils insistent pour que les pouvoirs publics interviennent (et donc eux, contribuables) ainsi que les concepteurs des produits – futurs déchets. Ils ne semblent pas être opposés au fait que ce coût vérité augmente, ils seraient même prêts à payer ces augmentations, et n’en changeraient pas pour autant leur comportement…

Quels enseignements en tirer ?

Il est nécessaire de développer des argumentaires liant la prévention des déchets à ses impacts et avantages environnementaux, sociaux et économiques. Il manque les bilans carbone des filières de gestion des déchets en considérant tous les aspects de ces filières…
En termesEn de communication, il est également nécessaire d’associer clairement aux messages de prévention des messages liés aux préoccupations des gens comme l’emploi, la santé, le réchauffement climatique, l’environnement, etc.

Etude complète du CRIOC: Les indicateurs de la prévention des déchets en région wallonne.

Canopea