Le mouvement environnemental belge (Bond Beter Leefmilieu, BRAL, Greenpeace, Inter-Environnement Bruxelles, Inter-Environnement Wallonie, Natagora, Natuurpunt et le WWF) plaide pour que des objectifs ambitieux et concrets soient définis ce lundi 20 décembre, tant en matière de biodiversité que pour les OGM et la gestion durable des matières. Ces objectifs doivent de surcroît être intégrés dans toutes les autres politiques. La Ministre flamande de l’environnement, Joke Schauvliege présidera ce dernier conseil des Ministres de l’environnement de la présidence belge. Les associations l’invitent à saisir à deux mains cette dernière chance d’enfin transformer les objectifs flous en règles concrètes.
Biodiversité :
des engagements sur la scène internationale à l’action européenne
2010 fut l’année internationale de la biodiversité, avec en point d’orgue le sommet des Nations Unies à Nagoya, au Japon. Les 193 nations ont adopté un plan stratégique pour arrêter l’érosion de la biodiversité.
« L’accord de Nagoya ne peut rester lettre morte, l’Europe et les 27 états membres doivent maintenant traduire cet engagement par des mesures concrètes. C’est à la mesure de celles-ci que l’on pourra évaluer l’engagement concret de l’Europe pour la protection de la biodiversité » explique Sabien Leemans, coordinatrice politique du WWF-Belgique. « Nous avions espéré que ce Conseil européen de l’environnement puisse approuver un nouveau plan d’action pour la biodiversité. Or, ce n’est pas encore possible parce que la communication à ce sujet annoncée par la Commission n’a pas encore été publiée. Ce retard est préjudiciable car s’il est important que le Conseil puisse confirmer les décisions de Nagoya, il faut aussi transformer l’essai en précisant la manière dont ces décisions seront mises en ½uvre au niveau européen. »
Le plan d’action adopté à Nagoya contient des objectifs concrets, comme l’arrêt des pratiques de pêche destructives et de la surpêche, la gestion durable des terres agricoles et l’élimination des subventions dommageables à la biodiversité. Il importe que ces objectifs s’inscrivent concrètement dans les réformes en cours de la politique agricole et de la pêche ainsi et que dans le nouveau budget européen (2014-2020).
« Le manque d’intégration de la biodiversité dans les politiques sectorielles fut déjà l’une des causes principales de l’échec de l’objectif européen de stopper la perte de biodiversité d’ici à 2010. Ne répétons pas les mêmes erreurs avec le nouvel objectif de Nagoya ! »
OGM :
l’Europe écoute-t-elle ses citoyens ?
L’évaluation de la sécurité des OGM présente des lacunes fondamentales, telle est la conclusion unanime à laquelle les Ministres européens de l’environnement sont arrivés en décembre 2008. Ils ont appelé la Commission à apporter au dispositif des améliorations substantielles. Le mouvement environnemental s’attend donc à ce que le Conseil de l’environnement de lundi réouvre le dossier. D’autant plus que la Commission vient d’être interpellée par 1 millions de citoyens préoccupés par les OGM.
Jonas Hulsens, Sustainable Agriculture Campaigner de Greenpeace Belgique, fait le point : «Deux ans après le constat, les améliorations annoncées n’ont toujours pas vu le jour. La présidence belge croyait pouvoir attirer l’attention nécessaire pour assurer le suivi des conclusions du conseil de l’environnement de 2008 mais aucune initiative n’a été recensée ces 5 derniers mois. Le seul point discuté concerne une vague proposition de la Commission permettant aux Etats membres de décider eux-mêmes d’autoriser ou non la culture des OGM. Cette proposition ignore complètement les lacunes dans l’évaluation de la sécurité. »
Ce 9 décembre dernier, utilisant pour la première fois le droit à l’initiative, 1 million de citoyens européens ont demandé à la Commission de cesser d’autoriser les OGM. La présidence belge de l’Union européenne dispose encore ce 20 décembre d’une chance d’écouter ses citoyens et d’amener la Commission à préparer un système complet d’évaluation de la sécurité des OGM.
La gestion durable des matières
Le troisième point d’attention de ce Conseil européen de l’environnement est celui de la gestion durable des matières, une plume au chapeau de la Ministre flamande Joke Schauvliege pour le bilan de la présidence belge.
« L’approche progressiste de la Flandre pour la gestion durable des matières est un exemple pour le reste de l’Europe. » commente Kristof Debrabandere du Bond Beter Leefmilieu. « La Ministre Schauvliege a saisi l’opportunité de placer ce thème en haut de l’agenda en organisant un conseil informel de l’environnement sur le sujet. Nous espérons que les discussions du conseil officiel de lundi amèneront à la définition d’une vision stratégique de la gestion durable des ressources. La manière dont l’Europe utilisera à l’avenir ses ressources reste un élément crucial dans la lutte contre les changements climatiques. En effet, à partir du moment où nous continuons à exploiter de nouvelles ressources naturelles pour fabriquer de nouveaux produits, nous continuerons à consommer toujours trop d’énergie. Le réemploi et le recyclage des matériaux consomme moins d’énergie que l’extraction de matières premières. Le recyclage réduit également la dépendance aux pays extra-européens d’où proviennent sur les matières premières et crée également des emplois locaux. C’est pourquoi l’Europe doit se donner des objectifs quantitatifs de diminution progressive d’utilisation de matières premières vierges. »
Une politique de gestion durable des matières nécessite une vision intégrée, qui couvre les domaines de l’environnement, de l’agriculture, de l’énergie, de l’innovation et du climat.
Initier une politique de gestion durable des matières impose de traiter la question des déchets bien en amont. A ce propos, le parlement européen a développé une directive cadre de gestion des déchets. « Sa mise en oeuvre au niveau européen semble encore problématique. L’interprétation de la directive cadre passe par des comités techniques non-démocratiques aux règles peu transparentes, ce qui représente une menace sérieuse pour la gestion durable des matières. Assiste-t-on à une politique européenne d’un pas en avant pour deux en arrière ? »
Mais encore…
Au delà des points mentionnés ci-dessus, les Ministres de l’environnement des 27 auront d’autres sujets à débattre. Dans la foulée des résultats du sommet de Cancun, nous nous demandons ce qu’attend l’Europe pour s’engager dans un objectif de réduction des émissions de 30 %, et par ailleurs nous attendons un accord politique protégeant la santé des citoyens quant au règlement sur les biocides.
Le mouvement environnemental belge assurera un suivi rapproché des issues de ce conseil des Ministres de l’environnement : nos commentaires seront accessibles à partir du 21 décembre sur le site www.10revendicationsvertes.be