Comme chaque année à même époque, la Commission européenne a rendu public aujourd’hui son rapport sur la qualité des eaux de baignade au sein des Etats de l’Union. Et comme chaque année, la Wallonie fait figure de cancre avec près de la moitié de ses zones de baignade officielles considérées comme « non conformes ».
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, cette constance dans la médiocrité est inacceptable. Il est grand temps que le gouvernement wallon sorte de sa passivité et fasse de la question de l’eau une priorité absolue.
Les données publiées dans le rapport de la Commission européenne sont tristement éloquentes. Sur base des analyses réalisées en 2012, 16 des 36 zones de baignade officielles que compte la Wallonie s’avèrent de qualité insuffisante par rapport aux normes européennes. Et pour 11 d’entre elles, la pollution constatée au cours des 5 dernières années impose une interdiction à la baignade. Cette contre-performance vaut, pour la première fois, à la Belgique le titre peu envié de pire élève européen en matière de qualité des eaux de baignade !
Ce résultat déplorable ne constitue malheureusement pas une surprise ; il se perpétue – et même s’aggrave – en effet depuis des années. Les causes en sont connues : la Région affiche un retard important tant en matière d’assainissement des eaux usées que de protection de la qualité de l’eau. Quelques exemples parmi d’autres : les berges ne sont pas encore systématiquement clôturées en amont des zones de baignade, ce qui laisse libre accès au bétail ; ces berges comportent trop rarement des « bandes tampons » entre les terres agricoles et les cours d’eau, ce qui met ceux-ci en contact direct ; un réseau d’égouttage non séparatif (où eaux usées et eaux pluviales se mêlent) conjugué à des bassins d’orage dans les stations d’épuration insuffisants pour retenir ces eaux en cas de fortes pluies, entraîne leur rejet direct vers les rivières.
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, il est plus que temps de s’attaquer sérieusement au problème. Maintes fois tancée par la Commission européenne pour ses retards dans la mise en œuvre de ses obligations d’épuration et des plans de gestion exigés par la Directive cadre « Eau », la Région ne semble pas mesurer l’importance de l’enjeu. Ainsi, en matière d’assainissement des zones de baignade, le budget régional ne prévoit que 13 millions d’euros d’investissements pour la période 2010-2014 (contre 49 millions entre 2000 et 2009). Les plans de gestion de l’eau, censés orienter la politique de l’eau en Wallonie pour les années à venir, sont passés à l’enquête publique avec une publicité et une ambition minimales et on attend vainement la suite du processus. Il y a pourtant là bien plus qu’un problème environnemental : une des ressources économiques majeures de la Région, le tourisme, pourrait bien se voir affecté si la situation perdure.