«Taxez-nous !» : c’est, en substance, le message envoyé par une poignée de millionnaires US désireux de (quelque peu) résorber l’immense fossé qui les sépare de leurs compatriotes moins nantis. Et ce, alors qu’Obama s’apprête à reconduire l’allègement d’impôts octroyé sous l’ère au Bush aux plus grosses fortunes.
A l’opposé du mouvement anti-Obama Tea Party qui se revendique “anti-taxes”, 45 millionnaires ont récemment lancé une pétition appelant à être soumis à un impôt plus important.
Leur appel ne vient pas en hasard. En effet, le Président Obama s’apprête à reconduire une disposition ayant vu le jour en 2001 sous l’ère Bush et en vertu de laquelle des allègements fiscaux sont consentis aux revenus dépassant le million de dollars par an. Nos richissimes millionnaires appellent ni plus ni moins à la suppression de cet avantage fiscal, au nom de «la santé fiscale de notre Nation et le bien-être de nos concitoyens», écrivent-ils dans leur pétition.
Parmi ces 45 pétitionnaires on trouve un directeur de fonds spéculatifs, un ancien avocat de Californie… ou encore Ben Cohen, fondateur des crèmes glacées Ben & Jerry’s ! Et chacun y va de son petit commentaire, à l’instar de l’avocat retraité Guy Saperstein, à l’origine de la pétition : «Je pense que notre pays va mal (…) Lorsque les temps sont durs, les plus riches doivent se serrer un peu la ceinture. Et il n’est pas question de sacrifice. Nos taux d’imposition sont parmi les plus bas des pays industrialisés.»
Une autre initiative du même genre a également émergé, toujours au pays de l’Oncle Sam, où 410 contribuables à revenus très confortables ont signé une pétition lancée par l’association Wealth for Common Good (La fortune au service du bien commun) appelant Washington à cesser d’octroyer des cadeaux fiscaux aux revenus supérieurs à 250.000 dollars. Parmi les signataires, le PDG multi-milliardaire Warren Buffet (troisième fortune mondiale) : «Je pense que les gens qui se situent en haut de la pyramide – les gens comme moi – devraient payer beaucoup plus d’impôts. Nous nous portons mieux que jamais.»
En Belgique, nos Étienne Davignon et autre Albert Frère n’en sont pas encore là ! Pourtant, les niches fiscales, elles, sont bel et bien présentes (n’oublions pas les réformes fiscales successives déployées par le Vice-Premier Reynders lors des dernières législatures, ce souvent au bénéfice des riches et des plus riches). L’idée d’une taxation plus importante des gros revenus semble malgré tout apparaître dans certains esprits, à l’instar de celui de l’économiste le plus en vogue du moment (crise institutionnelle oblige), Etienne de Callataÿ. Celui-ci évoquait récemment son point de vue dans un entretien dans Le Soir («Nous sommes au bord du gouffre», Etienne de Callataÿ, économiste vedette de la banque Degroof, évoque le vertige des marchés. En le comprenant…, 3 décembre 2010) : «Non sans se féliciter d’avoir tiré la sonnette d’alarme, à temps cette fois, sur la nécessité de résoudre la question des pensions, de réduire l’endettement belge plutôt que d’offrir des cadeaux fiscaux et, plus récemment, sur la nécessité pour les plus nantis de contribuer davantage à la solidarité en cette période de trouble.»
A suivre…