2012 sera marquée par le vingtième anniversaire de la Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement, événement qui sera fêté par l’organisation d’une nouvelle conférence des Nations Unies (Rio+20).
Avalanches de nouvelles bonnes résolutions en perspectives ?
Espoirs limités du fait que l’on ne pourra que se résoudre à une déclaration « Réaffirmant la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le Développement de 1992 » ?
Il est indéniable que ce texte contient de précieux éléments. Prenons par exemple son huitième principe.
« Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées. »
En concevant et adoptant ce principe, les Etats s’accordent donc à tenter de résoudre le problème suivant : les modes de consommation, de production et d’exploitation des ressources non-durables ont conduit à des problèmes tels qu’ils menacent le futur de l’humanité.
Or, la surconsommation équivaut aujourd’hui à une fois et demi la biocapacité de notre planète. S’adjoignent les réalités des changements climatiques, de la pauvreté, de l’inégalité des consommations, et des conflits qui en découlent. La proportion n’est pas neuve, mais elle est toujours aussi inacceptable : les 20 % des humains les plus riches (soit 1,4 milliard) consomment 80 % des ressources, et leur consommation dépasse de 60 fois le niveau des 20 % les plus pauvres. Quand l’ONU déclare vouloir « combler les écarts », les chiffres les plus récents montrent qu’ils se creusent. Dans son rapport 2010 pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’institution écrit « Il y a eu progrès, mais de façon inégale. Si l’on n’y met pas un grand coup, la plupart des régions n’atteindront pas un certain nombre de cibles OMD. Des obstacles anciens ou nouveaux menacent de ralentir encore les progrès dans certains domaines, voire d’en réduire certains à néant. (…) Le nombre d’individus dénutris ne cesse d’augmenter, alors que dans certaines régions, les progrès, déjà lents, visant à réduire la prévalence de la faim, se sont ralentis (quand ils n’ont pas été réduits à néant) entre 2000-2002 et 2005-2007. » Et ceci, en laissant de côté les écarts dans les pays développés…
Les constats sont limpides : 20 ans après l’adoption du « huitème principe », l’immense majorité des biens de consommation sont toujours produits de manière « non viable ». Doit-on s’étonner si les OMD ne sont pas atteints alors qu’on ne s’attaque pas significativement à la source du déséquilibre ? Pour mémoire, la question démographique, bien que réelle, n’est rien en comparaison de la surconsommation des plus riches. L’essentiel de la croissance de la population est, elle, désormais derrière nous (lire à ce propos l’analyse d’IEW).
Pour attaquer le problème de face, le Professeur Mohan Munasinghe, notamment connu pour son poste de Vice-Président du GIEC, propose depuis janvier 2011 le concept des Objectifs de Consommation du Millénaire (OCM). Sa notoriété l’amène à porter son message d’urgence devant les instances de nombreux pays. Son appel est largement soutenu, notamment par notre plateforme de référence en matière de développement durable : l’ANPED (The Northern Alliance for Sustainability).
Concrètement, les OCM s’adressent aux plus riches (de manière à permettre l’atteinte du bien-être des plus pauvres), fixant des lignes à atteindre en matière de styles de vie : moins intensifs en consommation de ressources (carbone, énergie, eau, etc.), plus sains (alimentation, activités physiques, etc.), avec des temps de travail réduits mais du temps consacré à la communauté par exemple.
En somme, Munasinghe propose de faire adopter par l’ONU un projet global de transition, avec des trajectoires et objectifs chiffrés, à l’exemple de démarches volontaires dans certains secteurs (DuWoBo et PlanC en Flandre), ou dans certaines villes (Munich).
Un réseau d’associations et d’institutions prépare la proposition pour qu’elle soit discutée lors du Sommet de la Terre Rio+20 en juin prochain. Définir des objectifs globaux à court, moyen et long termes serait un pas de géant par rapport à la lettre morte que représente aujourd’hui le huitième principe.
Je nous souhaite à tous, présents et à venir, de voir Munasinghe réussir dans son entreprise !