Le Gouvernement wallon s’apprête à revoir un de ces principaux outils de soutien à l’industrie : les accords de branche. C’est une occasion unique d’assurer un avenir industriel à notre région. A condition de développer un outil centré sur les secteurs d’avenir et l’excellence énergétique qui soit plus transparent.
Une vraie vision stratégique
A court terme, en tout cas, l’Europe et la Wallonie n’arriveront jamais à être concurrentielle sur le terrain du prix de l’énergie… Les Etats-Unis par exemple disposent de gaz et de pétrole de schiste polluants et soutenus massivement par leur Gouvernement contre lequel les aides de la région wallonne ne pourront pas grand-chose. Notons qu’a plus long terme, le renouvelable avec son coût marginal nul pourrait inverser la tendance si nous le développons…
Le fait que nous ne pouvons pas gagner la guerre sur les prix au MWh doit amener le gouvernement a revoir sa stratégie de soutien à l’industrie. Tous ceux qui rêvent de construire un avenir industriel radieux en Wallonie -ce qui est résolument notre cas – doivent comprendre 3 choses :
1. L’excellence énergétique, première mesure pour la concurrence
Premièrement : une industrie qui ne viserait pas l’excellence en terme d’efficacité énergétique n’a pas d’avenir. Les autorités wallonnes doivent donc clairement consacrer leurs moyens limités à accompagner les acteurs industriels prêts à investir dans des outils performants plutôt qu’à diminuer les factures à tout va. Hélas, jusqu’à preuve du contraire, les accords de branche précédents ont plutôt été contre-productif de ce point de vue. En offrant des réductions de factures, ils poussaient plutôt à l’inefficacité…
Au minimum, dans le futur système qui remplacera ces accords de branche, pour prétendre recevoir une aide de la collectivité, une industrie devrait avoir un plan d’investissement clair de son outil industriel.
2. Faire preuve de cohérence climatique.
La situation budgétaire de la Wallonie doit nous amener aussi à cibler les aides… Mais vers qui ? Notre région manque clairement d’une vision industrielle qui doit absolument s’intégrer dans la décarbonation. A quoi bon investir dans une raffinerie pétrolière quand on prévoit de sortir du moteur thermique ? Il faut aussi prévoir que certains secteurs vont décroitre et d’autres croitre. Construire moins de bâtiments neufs entrainera une baisse des besoins en ciment mais parallèlement la rénovation massive de notre parc de logements nécessitera des isolants ? Il va donc falloir cibler car le saupoudrage n’est plus possible.
Le moins que l’on puisse dire est que, la Wallonie continue à soutenir les secteurs qui n’apparaissent pas les plus décidés à investir dans leur avenir comme on peut le voir pour l’année 2020 dans le tableau ci-dessous. Hélas l’analyse rendue publique des accords de branche ne permet pas de voir ce que des entreprises pétrolières notamment reçoivent comme soutien pour cette même année.
3. L’atout wallon numéro 1
Construire cette vision et mettre en place le nouveau mécanisme de soutien à l’industrie ne peut en tous cas pas se faire sans un débat de société plus transparent. La gestion de ces futurs accords devra aussi intégrer d’avantage les travailleurs qui représentent le principal atout de notre région pour se construire un avenir industriel. Les anciens accords de branche négociés entre le Gouvernement et les fédération sectorielles péchaient par une opacité qui n’est plus permise en 2023.
A ce stade, nous n’avons pas pu voir de quoi serait fait le futur outil de soutien à l’industrie. L’idée de « communautés carbone » apparue par voie de presse, qui rassemblerait des industries pour investir sur toute leur chaine de valeur ou coopter des investissements à l’échelle locale semble prometteuse aussi longtemps que les principes énumérés plus haut (excellence énergétique, ciblage des aides, vision industrielle, transparence) sont respectés…
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