Un sondage montre que la majorité des européens ignorent que le diesel vendu à la pompe contient souvent de l’huile de palme. Plusieurs ONG environnementales unissent leurs voix pour demander à la Commission européenne de mettre un terme à cette pratique néfaste pour la biodiversité et le climat. La campagne internationale #NotInMyTank (pas dans mon réservoir) est lancée ce mercredi 21/11.
La grande majorité des européens ne savent pas qu’ils versent de l’huile de palme dans leur réservoir lorsqu’ils font le plein de diesel. Dans un sondage réalisé dans neuf pays par IPSOS auprès de 4 500 Européens, 82 % des citoyens interrogés ne savaient pas que l’huile de palme était ajoutée au carburant diesel. Lorsqu’on leur a demandé s’ils soutiendraient des mesures visant à mettre fin au soutien politique et aux subventions pour l’huile de palme dans le biodiesel en Europe, 69% des personnes interrogées se sont déclarées favorables à ce changement, 14% seulement y étant opposées et 16% sans opinion sur la question.
Les belges, en particulier, sont largement opposés à l’utilisation d’huile de palme dans les carburants : 66% s’y opposent, 14% ne s’opposent pas et 20% sont sans avis. Par ailleurs, nos concitoyens sont particulièrement peu informés : 87% des belges ignorent que le diesel vendu à la pompe contient de l’huile de palme.
En 2017, ce ne sont pas moins de 63.000 m3 d’huile de palme qui ont été intégrés au carburant diesel vendu en Belgique et brûlés dans les moteurs de nos véhicules.
Absente de nos carburants jusqu’il y a quelques années, l’huile de palme est aujourd’hui brulée dans la quasi-totalité des moteurs diesels du royaume. Transformée en biodiesel, elle est mélangée au diesel d’origine fossile vendu à la pompe, en vertu d’une loi obligeant les distributeurs de carburants à procéder à l’incorporation d’agrocarburants dans les carburants.
L’expansion de l’usage d’huile de palme dans les carburants automobiles en Europe favorise la déforestation et l’assèchement des tourbières en Asie du Sud-Est. Le biodiesel fabriqué à partir d’huile de palme a un impact trois fois pire pour le climat que le diesel fossile, pourtant déjà néfaste. En 2017, 51% de l’huile de palme utilisée en Europe a fini dans les réservoirs des voitures et des camions. Cela fait des conducteurs le premier consommateur (bien qu’inconscient) d’huile de palme en Europe.
Selon la législation existante, la Commission européenne a jusqu’au 1er février 2019 pour publier un acte délégué établissant les critères scientifiques nécessaires à l’élimination progressive de l’huile de palme dans le diesel.
Une coalition internationale d’ONG environnementales en Autriche (Welthaus), en Belgique (Fédération Inter-Environnement Wallonie), à Bruxelles (Transport & Environnement), en France (Amis de la Terre et Canopeé), en Allemagne (Deutsche Umwelthilfe et Nabu), en Italie (Legambiente), au Portugal (Zero), en Espagne (Ecologistas en Acción), en Suède (Naturskyddsföreningen) et aux Pays-Bas (Milieudeföreningen) lance aujourd’hui une campagne visant à pousser la Commission européenne à respecter le prescrit légal et mettre en œuvre l’élimination progressive de l’huile de palme dans le diesel par un acte délégué le 1er février 2019.
La coalition a lancé une pétition citoyenne, soutenue par l’une des principales plateformes européennes, SumOfUs. La campagne #NotInMyTank impliquera un certain nombre d’initiatives publiques et culminera dans une » journée européenne d’action « , avec de multiples événements à Rome, Madrid, Berlin, Paris, Stockholm et à Bruxelles au Berlaymont, siège de la Commission européenne. Les militants ont annoncé de multiples « rassemblements de grands singes » pour convaincre les décideurs politiques d’éviter l’extinction d’espèces emblématiques telles que les orangs-outans causés par la déforestation pour la production d’huile de palme.
Contact presse :
Noé Lecocq, Inter-Environnement Wallonie, 0495 67 19 20