Ce n’est un secret pour personne, les eaux wallonnes, notamment nos eaux de surfaces (rivières, lacs, fleuves) sont polluées. Les « classiques » Phosphore, azote et bactéries s’y retrouvent à des niveaux élevés mais ne doivent pas cacher l’existence d’autres polluants peu étudiés, et encore non réglementés, qui forment un véritable cocktail chimique inquiétant.
Ainsi la Directive dite « NQE » (pour normes de qualité environnementale), directement issue de la Directive-cadre « Eau », liste les normes à atteindre pour 33 substances prioritaires pour lesquelles les états doivent s’engager dans une politique de contrôle et d’élimination. Il s’agit de pesticides, de métaux lourds, d’hydrocarbures et d’autres produits chimiques dangereux. Depuis un an, cette liste est en cours de modification pour y ajouter quinze nouvelles substances, dont pour la première fois des résidus de médicaments (oestrogènes et anti-inflammatoires). Ces derniers suscite un débat houleux : certains voudraient que ces résidus ne soient pas limités pour, disent-ils, ne pas pénaliser les patients pour lesquels ces médicaments sont nécessaires. C’est oublier un peu vite qu’en attendant, les populations de poissons sont menacées par ces substances hormonales qui met en péril leur reproduction. Et que leurs effets sur la population humaine sont encore largement méconnu. D’autant que des solutions techniques existent pour résoudre le problème, même si elles ont encore un coût non négligeable.
Si ces substances ne sont donc pas encore surveillées par les autorités, elles sont déjà bien présentes en Wallonie comme l’atteste le rapport sur la qualité des eaux de la Meuse rédigé par RIWA, l’association des producteurs d’eau potable de la Meuse, pour l’année 2011, qui étudie la qualité des eaux de la Meuse tout au long de son parcours. Certaines substances chimiques peuvent en effet être problématique pour les producteurs d’eau potable, soit en gênant les procédés techniques, soit en occasionnant des coûts élevés pour obtenir une eau de bonne potabilité, sans hormones ni résidus médicamenteux, ni pesticides. Depuis 2009, RIWA note une augmentation des concentrations en produits préoccupants dont principalement les produits de contraste radiographiques, et les anti-inflammatoires. Les concentrations en pesticides semblent elles stagner depuis 2007. Il reste donc encore de gros efforts à faire pour réduire les concentrations en produits chimiques dans les eaux de la Meuse, y compris en Wallonie…
Le secteur environnemental sera donc très attentif au texte européen sur le sujet, qui devra ne pas perdre du vue l’amélioration de la qualité des eaux et la diminution des risques pour la population qui boit ces eaux de surface.
Si la qualité de l’eau vous préoccupe, n’oubliez de répondre pour le18 janvier au plus tard à l’enquête publique organisée par la Wallonie sur la politique de l’eau pour les années qui viennent. IEW a analysé les documents et vous propose un format de réponse ici.