L’économie circulaire est présentée depuis une dizaine d’année comme la panacée – THE réponse à tous nos problèmes. Adieu la culpabilité liée à l’extraction de nos ressources et à notre production de déchets. L’économie circulaire, c’est la solution miracle pour ne surtout pas changer nos habitudes, tout en faisant disparaître tous les impacts de nos modes de vie.
Pourtant, le concept s’est rapidement heurté à la réalité physique de la matière : tout processus de transformation produit des déchets. Ainsi, le cercle parfait a évolué, vers ce design, issu du Parlement Européen : un cercle certes, mais avec des entrées et des sorties. Vision encore trop simplifiée, puisque la production de déchets a en réalité lieu à chaque étape (production de déchets lors de la production, de la distribution – invendus, etc). Les plus imaginatifs d’entre nous auront tôt fait d’y voir un escargot sur le dos… ce qui n’est pas sans parallèle avec la vitesse à laquelle ce concept se concrétise effectivement dans notre modèle économique.
L’économie circulaire est indissociable de la sobriété. Parce que pour que ce concept puisse devenir réalité, la sobriété doit intervenir à chaque phase de la boucle.
Sobriété dans notre consommation de matières premières, parce que notre planète ne peut nous en fournir assez pour supporter notre mode de vie occidental pour l’ensemble de la population. Un petit calcul simple réalisé par le WWF nous permet de connaître le nombre de planètes dont on aurait besoin si tout le monde vivait comme nous. La moyenne Française est à 3… et vous ? En 2020, le jour de dépassement planétaire était le 29 juillet. Si tout le monde avait le mode de vie de la population belge, ce serait le 5 avril.
Sobriété dans le design de nos produits, pour allonger leur durée de vie, en les rendant plus solides, plus facilement réparables, et in fine, mieux recyclables. Pour cela, sobriété dans le choix de nos matières ! Des produits multi-matériaux seront toujours moins recyclables que leurs cousins mono-matériaux. Pour boucler la boucle, le mieux est d’intégrer un maximum de matières recyclées, si ses propriétés le permettent. Et sobriété dans nos assemblages : des objets collés seront toujours moins recyclables que leurs cousins démontables ! A l’image d’un meuble Kewlox, au design sobre, indémodable et intemporel, dans lequel chaque pièce peut être remplacée indépendamment des autres. Pour pouvoir éventuellement changer la couleur des portes, si vraiment vous n’assumez plus les autocollants ACDC que vous y aviez collés adolescent·e.
Sobriété dans leur fabrication, en produisant uniquement ce qui va être réellement consommé. Plusieurs producteurs commencent à adopter à cette fin le principe de pré-commande. Cela vaut aussi pour nos productions alimentaires. Les Nations-Unies estiment que 14% de la production alimentaire mondiale sont perdus entre la récolte et la vente au détail. La sobriété dans la fabrication, c’est aussi s’assurer que les impacts de l’activité de fabrication sur l’environnement et le voisinage sont limités : bruits, poussières, rejets, … se faire discret.
Sobriété dans la distribution des produits, c’est-à-dire dans nos manières d’acheter ! Comme dirait Aurélie, notre CM Aménagement du Territoire, acheter moins, mais mieux… c’est toujours acheter. Un article de cette niews spéciale est consacrée au rôle de la publicité dans les comportements d’achats et à la nécessité de la réguler. Apprenons à différencier nos besoins (qui sont finalement peu nombreux…), de nos envies artificielles, créées de toutes pièces par les images de nouveautés qui envahissent nos champs de vision en ville, à la télé, sur nos bus et nos écrans. Apprenons également à dissocier notre sentiment de bien-être de notre besoin de possession. Cela passe par une re-conscientisation de nos achats, puis par une diminution progressive. Et quand il faut consommer pour répondre à un besoin réel, favoriser le réemploi, ou la 2eme main : les Ressourceries vous ouvrent leurs bras.
Sobriété dans notre manière d’utiliser nos produits. Xavier vous en parlera certainement dans sa niews, mais il existe plusieurs types de sobriété. L’une d’entre elle, est la sobriété d’usage. « J’ai une voiture certes, parce que tout un tas de conditions font que c’est difficile de faire autrement. Ça ne veut pas dire qu’elle doit être mon unique moyen de transport. Je ne l’utilise qu’en dernier recours. Ou je la mets à disposition de mes voisins sur une plateforme de voitures partagées. » La sobriété d’usage, c’est la sobriété aussi dans nos goûts et nos envies pour se lasser moins vite, et mieux ‘user’ de nos objets. User, jusqu’à la corde !
Sobriété lorsque nous nous défaisons d’objets, en évacuant ce qui ne sert plus et en privilégiant le don. Un bon indice : si quelque chose n’a pas servi pendant 2 ans, il est fort peu probable que vous en ayez justement besoin la semaine prochaine. Mieux vaut l’apporter en Ressourcerie (et fonctionner l’économie sociale et solidaire) ou faire un heureux dans votre voisinage (et se voir offrir l’apéro). En dessous de cette fréquence, il sera certainement plus intéressant de louer cet objet, ou de l’emprunter.
Enfin, sobriété dans le recyclage. Ce n’est pas parce que quelque chose est recyclable, qu’il faut en consommer plus ! Il faut également voir dans quelle proportion ce qui est recyclable est effectivement recyclé… et à quel coût financier et énergétique. Les éléments qui limitent le recyclage (mauvaise séparabilité, substances problématiques,…), doivent être connus et des alternatives à leur utilisation, réfléchies… lors de la conception. Et hop, nous revoilà à l’étape 2 ! La boucle est bouclée ?
Conclusion
L’économie circulaire est une vue de l’esprit, mais n’est pas réalisable tant que notre monde est soumis à des lois physiques (ce qui risque de durer encore quelques temps, j’en ai peur). La boucle devra toujours être alimentée par des matières premières, et il y aura toujours des pertes et des déchets dans le processus. Un taux de recyclage de 90%, ça ne fait plus que 53 % de matière recyclée après 5 cycles. Notre défi ? Ralentir la boucle. A toutes les étapes, pour limiter le nombre de cycles, limiter les inputs et les sorties. Maintenir la valeur le plus longtemps possible. C’est indissociable d’une re-conscientisation de nos modes de production et de consommation, pour aller vers un modèle plus réfléchi, plus raisonné, plus vertueux… plus sobre !
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