Le 9 juin prochain se tiendront les élections de trois niveaux législatifs : régional, fédéral et européen, avant les élections communales d’octobre prochain.
Alors que l’environnement et le climat avaient été la thématique au cœur des débats en 2019, notamment grâce aux mobilisations des jeunes et aux marches « climat », force est de constater que le ton est bien différent dans cette campagne. Le résultat des élections de 2019 avait permis l’émergence d’un Green Deal qui se voulait être la feuille de route vers une Europe soutenable. Cinq ans plus tard, les reculs récents en la matière ont enterré tout espoir de voir ce sujet en haut de l’agenda des prochaines années. Cela se confirme dans le dernier sondage RTBF-La Libre d’avril 2024, selon lequel l’environnement est maintenant le dernier sujet de préoccupation des wallons, loin derrière le pouvoir d’achat, les soins de santé, la sécurité ou l’immigration.
Et pourtant… Peut-on vraiment dissocier ces sujets ? Chez Canopea, nous sommes convaincus que la gestion des crises doit être systémique.
Comment parler de soins de santé, sans évoquer le constat que 400 000 européens1 meurent de manière prématurée chaque année à cause de la mauvaise qualité de l’air ? Environnement et santé ne peuvent plus être dissociés : la récente prise de conscience de la pollution généralisée de la population par les PFAS en témoigne définitivement. Quarante mutuelles à travers l’Europe se sont récemment mobilisées au Parlement européen pour faire entendre leur voix, alerter sur les dangers des pesticides et ainsi endiguer ce qu’elles appellent « l’épidémie de maladies chroniques évitables » à laquelle elles font face. Alors que la santé a longtemps été envisagée sous l’axe du « curatif », le paradigme doit maintenant changer pour limiter les pollutions à la source, mieux protéger les citoyen.ne.s et ainsi prévenir de nombreux coûts liés à la prise en charge à long terme de certaines maladies. Les dépenses en soins de santé représentaient 11% du PIB en Belgique en 2021. Seuls 3.1% de ce montant total sont consacrés à de la prévention.
Comment parler d’immigration, sans évoquer le milliard de personnes qui devraient se déplacer en raison du dérèglement climatique d’ici 2050 ? Choisissons-nous de gérer ces migrations par la méthode habituelle, c’est-à-dire en durcissant les frontières, le temps que la « vague » passe ? C’est, semble-t-il, le choix qu’a récemment posé l’UE en adoptant un pacte sur la migration et l’asile qui est plus restrictif et qui aggrave les violations aux droits fondamentaux. Sans toutefois s’attaquer aux causes du problème : le dérèglement climatique, dont la plus grande part de responsabilité provient des pays industrialisés et qui par ailleurs dispose – du moins pour les habitants nantis – de ressources plus solides pour s’en protéger tout en restant sourds à la nécessité éthique d’une justice climatique et sociale. Peut-on dès lors décemment dissocier immigration et environnement ?
Comment parler de pouvoir d’achat, sans parler de l’impact environnemental de ceux qui ont le pouvoir d’achat le plus élevé ? Le rapport Oxfam sur les « 1% » révèle qu’en 2019, les 1% les plus riches ont généré autant d’émissions de gaz à effet de serre que les 2/3 des personnes les plus pauvres de l’humanité. Peut-on alors parler de pouvoir d’achat, sans y impliquer des notions telles qu’une contribution carbone qui soit socialement juste ou que la nécessaire internalisation de l’impact environnemental des biens et services dans la fiscalité ?
Enfin, comment parler d’économie, de croissance, de relance… sans évoquer les limites finies de notre planète, qui sont dépassées les unes après les autres ? Pas de business sur une planète morte… Comment ne pas inclure à la base de toute décision politique le maintien de l’habitabilité de la planète et de ses espèces ?
Alors, si la préservation de l’environnement et de la santé n’est pas le sujet de l’élection, pouvons-nous au moins assumer qu’elle soit la toile de fond de toute décision ?
Canopea a travaillé ces derniers mois sur l’analyse de la prise en compte des enjeux environnementaux par nos gouvernements passés, et dans les majorités futures. Retrouvez l’ensemble de nos analyses ci-dessous.
Crédit image d’illustration : Adobe Stock
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