Le 12 octobre, la Commission européenne doit publier sa proposition de révision de la directive sur l’efficacité énergétique (EE) et celle de la réglementation sur la performance énergétique des bâtiments, les deux principaux outils législatifs mis en place pour baisser la consommation d’énergie de l’Union.
Selon un document confidentiel paru dans la presse la semaine passée, la Commission proposerait de faire passer l’objectif pour 2030 de 27% d’efficacité énergétique à un objectif contraignant de 30%. C’est définitivement un mouvement dans la bonne direction bien que cela reste insuffisant par rapport à l’urgence climatique.
Cette augmentation – présumée à ce stade – s’inscrit dans la logique de la stratégie de l’UE. L’UE espère ainsi diminuer sa dépendance énergétique et le coût qui y est lié. Rappelons que les importations de gaz, de pétrole et d’uranium coûtent annuellement 18 milliards d’euros aux Belges, soit près des deux tiers du déficit de notre balance commerciale. Mais surtout, la Commission Juncker entend créer des emplois en ces temps de crise de confiance des opinions publiques par rapport au projet européen. Or, améliorer l’efficacité énergétique et les investissements qui y sont associés notamment dans la rénovation des bâtiments est un des meilleurs moyens de créer des emplois en Europe. Pour dire les choses autrement, la Commission espère diminuer les flux d’argents qui s’en vont vers les pays producteurs d’hydrocarbures et les ré-injecter dans l’économie de l’UE par une politique d’investissement keynesienne.
Il faut dire que l’objectif de 27% en 2030 par rapport à 1990 originellement proposé en 2014 était tout sauf ambitieux. Cette même année, l’UE avait déjà atteint 20% de réduction de sa consommation énergétique soit ce qu’elle espérait atteindre en 2020 ! Dans ces conditions, de plus en plus d’acteurs même parmi les plus conservateurs ont bien dû admettre que l’objectif présenté était largement insuffisant. Ainsi le Parlement européen plaide par exemple pour un objectif de 40%.
Et ce, d’autant qu’une part significative de la diminution de la demande d’énergie observée n’a rien a voir avec une quelconque transformation de notre économie en « économie bas carbone ». La crise économique et le ralentissement de la croissance explique en bonne part ce résultat. Sans parler de la désindustrialisation de l’Europe… La consommation d’énergie dans l’industrie wallonne a, par exemple, baissé de 47% entre 1990 et 2013 ! Alors que les usines consommatrices d’énergie ont émigrés dans des pays à bas salaire et à énergie bon marché.
IEW suivra donc avec interêt la publication des deux textes légaux attendue début octobre. Car c’est sur cette base que notre région devra (ou pas) revoir son ambition de ce point de vue. Le taux de rénovation de notre bâti demeure désespérément insuffisant et attend que les autorités fassent de la baisse de notre consommation d’énergie une priorité absolue. C’est un passage obligé si on veut que les promesses climatiques faites à Paris l’an dernier ne demeurent pas lettre morte.