En offrant aux lecteurs de Télé-Moustique un DVD de « An Inconvenient Truth », le film d’Al Gore mettant en garde contre les conséquences du réchauffement global, Electrabel s’est offert une formidable campagne d’image … et de mystification.
Electrabel réussit en effet tout à la fois à se poser en défenseur de la planète et à asséner, en l’absence d’un réel contradicteur, une série de contre-vérités vantant et vendant les mérites du nucléaire. Finalement, les quelques centaines de milliers d’Euros investis dans l’opération (et dont on ne doute pas qu’il seront déduits du bénéfice imposable de la société au titre du mécénat, voire de l’action sociale !) ne sont pas cher payé pour s’acheter une pseudo virginité environnementale. La lessive verte d’Electrabel ne saurait toutefois dissoudre toutes les taches qui salissent son action.
Il nous apparaît ainsi indispensable de rappeler un certain nombre d’éléments éclairant d’un jour nouveau ce coup marketing proche de la manipulation.
Il n’y a pas si longtemps, Electrabel menait un intense lobbying, aux côtés des entreprises les plus énergivores du pays, pour que la Belgique ne ratifie pas le protocole de Kyoto.
La position hégémoniaque qu’Electrabel occupe depuis des décennies sur le marché de l’électricité dans notre pays constitue le frein le plus important à l’émergence de projets d’énergie renouvelable.
L’article 2 du protocole de Kyoto refuse de citer parmi les « politiques et mesures » de réduction des émissions de gaz à effet de serre le recours à l’énergie atomique que le patron d’Electrabel s’évertue pourtant à nous présenter comme la solution miracle.
L’électricité « verte » ne représentait en 2005 que 1,1% de la production totale d’Electrabel en Belgique alors que les centrales au charbon, les plus polluantes qui soit, assuraient quant à elles 10% de cette production.
Par ailleurs, on ne sait trop s’il faut rire ou pleurer devant la coïncidence mais, au lendemain de son opération de séduction médiatique, notre tout nouveau défenseur de l’environnement annonçait la construction en Allemagne et aux Pays-Bas de trois nouvelles centrales au charbon qui émettront chaque année près de 15 millions de tonnes de CO2 (soit un volume équivalent à 12% des émissions totales de la Belgique)…
On ne peut dès lors que conseiller aux lecteurs de Télé-Moustique de visionner attentivement le film d’Al Gore si généreusement offert par Electrabel et de suivre à la lettre le conseil formulé dans le générique de fin : « Optez pour un fournisseur d’électricité verte ». Ils poseront ainsi un véritable geste pour la planète … tout en rendant à Electrabel la monnaie de sa pièce.