Le 13 novembre, le Conseil Fédéral du Développement Durable (CFDD) organisait un forum sur le thème de la situation énergétique et climatique en 2050. Les discours alarmistes ont succédé aux déclarations de bonnes intentions. Mais dans les faits ?
2050, objectif zéro émission pour protéger le climat ? Quelle transition vers un système énergétique compatible avec le développement durable ? : questions cruciales pour l’avenir de notre pays mais aussi de notre société. Comment habiterons-nous en 2050 ? Comment nous déplacerons-nous ? Comment mangerons-nous ? Comment consommerons-nous des biens et services et enfin comment produirons-nous ces biens et services ? Autant de questions qui ont été débattues par des participants issus, nécessité oblige, des principales « sensibilités » sociétales.
Premier acquis: l’urgence climatique est là, elle n’est plus contestée.
Second acquis: la nécessité de réduire notre consommation énergétique.
Deux acquis importants, c’est un fait. Mais l’essentiel de la question consiste à s’accorder sur l’ampleur de l’effort et surtout sur les mécanismes à adopter pour accomplir cette (r)évolution. Et là, ça coince… Entre ceux qui prônent un changement « important et nécessaire » de notre système actuel de consommation et ceux qui mettent en avant des solutions qui permettraient de s’en sortir sans trop le remettre en question le désaccord est parfois profond.
Les difficiles choix de l’adaptation
Prenons l’exemple, de l’habitat. Le potentiel des économies d’énergie à réaliser dans celui-ci est gigantesque tant le logement belge est âgé et donc mal isolé. Qui dit économies d’énergie bien sûr réductions des émissions de gaz à effet de serre. Le potentiel est estimé entre 10 et 20 % du total des émissions belges, de quoi respecter les objectifs du paquet climat européen[[Pour rappel, 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et 30% en cas d’accord international majeur.]]. Donc, isolons notre logement et imposons des normes sérieuses pour les nouveaux logements[[La PEB (Performance Energétique des Bâtiments, d’application depuis le 1er septembre 2008) impose des normes en la matière mais celles-ci restent trop peu ambitieuses.]] ! Mais alors, que faire des logements pour lesquels il n’est pas possible de faire ces travaux sans se ruiner ou sans transformer leur caractère patrimonial ? Par ailleurs, est-il raisonnable de soutenir par des incitants financiers publics les maisons passives[[Réduction fiscale fédérale et prime de la Région wallonne]], éloignées des lieux d’activité[[Toutes les maisons passives ne sont pas construites à la lisière des forêts ou au milieu des champs, bien sûr, mais une bonne partie d’entre elles opte pour ce genre de localisation loin d’être optimale.]] et donc générant une importante demande en transport, trop souvent assurée par l’usage de la voiture ?
La question de l’habitat rejoint celle des transports. Lorsque l’énergie sera rare et chère, abandonnerons-nous les villas 4 façades éloignées des centres d’activités ? Deviendront-elles les chancres du XXIème siècle ? Tout comme les centres commerciaux ultra-dépendants de leur accessibilité en voiture ?
Et en bon père de famille ?
Les orateurs invités nous ont averti : l’énergie sera rare et chère. Et le problème des changements climatiques doit être pris à bras le corps dès maintenant sous peine de catastrophes humanitaires à répétition. Les conclusions sont limpides. Que ferions-nous si nous nous comportions en bon père de famille ? Nous ralentirions derechef sensiblement notre consommation énergétique, ni plus ni moins. Nous repenserions notre aménagement du territoire, dès aujourd’hui. Et nos habitudes alimentaires. C’est alors que tout naturellement notre façon de produire et de consommer des biens se verrait réinventée. On offrirait alors à nos enfants un avenir plus stable. En bon père de famille.