A mon tour de m’envoler pour Durban ! Je ne suis pas la seule à rejoindre les négociations pour la deuxième semaine. C’est en effet à ce moment qu’entrent en piste les responsables politiques pour ce qu’on appelle le « segment ministériel ». La chef de la délégation belge, la Ministre de l’environnement de la Région bruxelloise, Evelyne Huytebroeck, doit comme moi se trouver en ce moment à quelques 11.000 mètres en l’air.
Durant les trois sessions de négociations préparatoires qui ont eu lieu cette année ainsi que pendant la première semaine du Sommet, les discussions se déroulent au niveau des négociateurs, majoritairement des fonctionnaires de ministères et des ambassadeurs s’appuyant sur des experts. Ils alimentent le processus de négociation avec de nombreuses propositions. Le travail de négociation vise ensuite à structurer le texte et à élaguer les propositions redondantes afin d’aboutir à des propositions de décisions faisant ressortir clairement les grandes options politiques que devront ensuite trancher les ministres.
Parmi les dossiers politiques « chauds » qui aboutiront sur la table des ministres se trouve la nécessité d’augmenter les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre proposés par les pays. A Copenhague puis à Cancun, les pays ont pris la décision de limiter le réchauffement global du climat à +2° par rapport à l’ère pré-industrielle. Le problème c’est que les objectifs climatiques pour 2020 qui ont été proposés sont nettement insuffisants et nous emmènent tout droit vers une augmentation de la température d’au moins +3°. Dans le jargon des Nations-Unies, on parle de « gigatonne gap », car le fossé à combler se mesure en milliards de tonnes d’équivalent CO2 (Gt éq CO2).
Un récent rapport du Programme des Nations Unies, « The Emissions gap », chiffre que par rapport aux objectifs existants, il faudrait encore réduire les émissions mondiales de 6 à 11 Gt éq CO2 d’ici 2020 pour rester dans la trajectoire de 2°. Pour se donner une idée, 6 Gt éq CO2 représentent le total des émissions actuellement imputables au transport dans le monde…
La bonne nouvelle c’est que le fossé peut être comblé avec des technologies existantes et à un coût acceptable. Mais le temps de presse. Il est indispensable qu’à Durban une décision soit prise pour porter l’ambition des objectifs climatiques en ligne l’objectif des 2° avec un processus clair pour y arriver. Messieurs les ministres, c’est maintenant à vous de jouer!
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