Cécile de Schoutheete, notre chargée de mission Energie/Climat qui accompagne la délégation belge à Durban, nous livre son regard impressionniste sur les enjeux, les débats et les coulisses de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
Des jeunes canadiens éjectés du sommet !
Les représentants des jeunes mettent régulièrement de l’animation dans le déroulement très sérieux des négociations avec des actions pour interpeller les négociateurs et leur rappeler l’urgence d’agir.
Malheureusement, ces actions sympathiques ne sont pas du goût de tout le monde. Six jeunes Canadiens se sont ainsi fait éjectés aujourd’hui du sommet. Leur « faute » ? Alors que le ministre canadien de l’Environnement, Peter Kent, commençait son discours, ces six jeunes se sont levés et lui ont tourné le dos révélant le message «Tournez le dos au Canada» écrit en grand sur leur T-shirt et soulevant des acclamations de l’auditoire.
Le Canada est un des « bad boys» des négociations climatiques. Il se voit très régulièrement décerné le « Fossile du jour », prix décerné quotidiennement par Climate Action Network, le réseau des ONG luttant pour le climat, au pays qui brillant part ses efforts pour empêcher tout progrès dans les négociations. Le Canada a ainsi collectionné 12 « fossiles » depuis le début des négociations à Durban ! Il faut savoir que la politique climatique du pays est fortement influencée par le lobby des sables bitumineux, un des pétroles les plus polluants qui soit. Le Canada refuse ainsi de s’engager dans la poursuite du Protocole de Kyoto qui, pour le ministre Kent, représente « le passé ».
Une position que l’action des six jeunes visait à dénoncer. « Tant que le Canada à la table des négociations promeut l’industrie plutôt que les droits humains, nous ne verrons jamais l’accord sur le climat dont le monde a besoin. Il est temps de laisser le Canada derrière. » ont-ils déclaré.
Suspens, suspens !
L’effervescence monte dans le Centre de conférences de Durban où le sommet de l’ONU sur le climat se termine aujourd’hui. Les grands couloirs bourdonnent d’un foule pressée, les caméras sont là, des groupes se forment devant les écrans annonçant les réunions, chacun guettant l’heure de la prochaine car personne ne sait comment se déroulera le reste de la journée. La seule certitude est que les discussions se prolongeront tard dans la nuit voire jusque demain matin.
A quelques heures de son terme, il est encore impossible de prévoir quelle sera l’issue de ce sommet. Durant la semaine, les négociations se sont poursuivies tant au niveau technique qu’au niveau politique. Les experts ont travaillé à élaguer les textes de manière à aboutir à quelques options claires qui, une fois suffisamment « mûres », ont été transférées aux ministres pour décision.
Dans l’ensemble, les discussions sur l’opérationnalisation des décisions prises à Cancun l’année dernière progressent. Il reste encore néanmoins pas mal de travail pour les dernières heures et des points de blocage subsistent, notamment sur la mise en ½uvre du Fonds Vert pour le Climat qui doit canaliser l’aide financière vers les pays du Sud.
Concernant les grands dossiers politiques, dont l’issue décidera de la réussite ou de l’échec du sommet, tout reste ouvert. Une série d’options, avec le meilleur mais aussi le pire, sont entre les mains des ministres.
Hier, un mouvement positif est venu de l’Union européenne qui s’est associée aux Pays les Moins avancées, au groupe des pays africains et aux petites îles pour demander un renforcement du niveau d’ambition, une deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto avec une feuille de route pour un accord contraignant dès que possible ; cette coalition a en outre appeler d’autres pays à la rejoindre. Nul ne sait à l’heure qui l’est si l’appel sera entendu…
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L’autre Durban, le blog des ONG publié par « La Libre Belgique »