Les conclusions du premier rapport officiel sur un scénario énergétique 100% Renouvelable à l’horizon 2050 ont été présentées ce 12 décembre.
Les ONG environnementales accueillent positivement le contenu de ce rapport qui constitue une base sérieuse pour débattre des mesures à prendre aujourd’hui afin de construire le modèle énergétique de demain. Greenpeace, le WWF, Inter-Environnement Wallonie et le Bond Beter Leefmilieu invitent les différents gouvernements à concrétiser au plus tôt les pistes proposées en décisions politiques. Seule, en effet, une action rapide permettra de profiter pleinement des opportunités offertes par la transformation de notre système énergétique.
Le rapport réalisé par le Bureau fédéral du plan, l’institut flamand des technologie (VITO) et l’Institut de conseil et d’études en développement durable (ICEDD) à la demande des gouvernements régionaux et fédéraux considère qu’un futur 100% Renouvelable est techniquement possible « sans changer de paradigme économique ». Il rejoint ainsi les conclusions de nombreuses études scientifiques (Greenpeace Energy (R)evolution ; WWF Energy Report 2050…) réalisées depuis plusieurs années.
Selon l’étude, les scénarios renouvelables seraient plus coûteux qu’un scénario « à politique inchangée » mais les ONG attirent l’attention sur un biais méthodologique qui doit amener à considérer ces estimations avec circonspection. Jan Vandermosten, du WWF : « Un système 100% renouvelable est pleinement efficace lorsqu’il s’intègre sur une surface géographique suffisamment vaste. Pour simplifier, quand le vent en mer du Nord ne souffle pas, notre pays doit pouvoir compter sur le soleil des pays du Sud de l’Europe et inversement. Ces connections évitent de développer des capacités de stockage de l’électricité très coûteuses. C’est une des faiblesses du rapport de considérer la Belgique comme une « île énergétique » en 2050. »
Autre faiblesse : les chercheurs ont une vision bien trop statique du réseau électrique de demain. Arnaud Collignon, de Greenpeace, précise : « Une gestion dynamique de l’offre et de la demande d’électricité renouvelable associée à une meilleure intégration de celles-ci au niveau européen permet d’utiliser les capacités de production au maximum de leurs possibilités et donc, in fine, de diminuer le volume nécessaire de ces capacités. Basé sur cette approche, le scénario européen de Energynautics estime à 22-71GW la capacité renouvelable nécessaire en Belgique en 2050 au lieu des 100-200 GW dans le scénario présenté aujourd’hui. Cela impacte évidemment fortement le coût du système ! »
Malgré ces faiblesses, l’étude backcasting identifie d’importants avantages économiques liés au passage à un système basé intégralement sur le renouvelable : diminution des soins de santé grâce à une meilleure qualité de l’air ; réduction de notre dépendance aux pays exportateurs de pétrole, gaz et matière fissile ; création d’emplois… L’étude estime ainsi que 20.000 à 60.000 emplois nouveaux pourront être créés dans ces filières d’ici 2030. Mais pour en profiter pleinement, notre pays doit oser prendre la tête de la « révolution énergétique », notamment en investissant dans la recherche.
Pour le milieu environnemental, ce rapport est globalement positif. Il importe désormais qu’il ne s’empoussière pas dans les tiroirs de nos décideurs. Pour Gaelle Warnant, d’Inter-Environnement Wallonie, «après des années où les gouvernements se sont caractérisés par leur manque de vision énergétique, nous voulons voir en la publication de ce rapport le signe que les temps ont changé. 1/3 du parc de production européen est vieux et devra être remplacé dans les dix prochaines années. C’est une opportunité unique de changer un modèle de production peu flexible et hyper centralisé issu du 19ème siècle. Le renouvelable est prêt à prendre le relais ! »