Plusieurs dossiers de taille relatifs à l’énergie sont à l’agenda de la rentrée politique. Le Fédéral débattra du rapport Gemix et donc de l’avenir du nucléaire en Belgique. En Région wallonne, il sera question de l’actualisation du plan de maîtrise durable de l’énergie (PMDE) et du plan isolation de l’alliance emploi-environnement. Le défi de la transition énergétique est crucial, faut-il le rappeler? Comment va-t-il être relevé par nos décideurs politiques ?
La Belgique est face à un défi de taille en matière d’énergie. Elle a en effet pris un retard conséquent dans de nombreux domaines : efficacité énergétique, maîtrise de la demande, développement des renouvelables.. Dire que tout reste à faire est excessif : notons, plus positivement, que sa marge de progression reste grande. Notamment en matière d’électricité. Le Gouvernement a promulgué en 2003 la loi de sortie du nucléaire mais, en 6 ans, n’a guère montré d’enthousiasme pour assumer pleinement cette décision. Peu d’efforts ont été consacrés à la maîtrise de la demande d’électricité ou à la mise en place d’un cadre favorable aux investissements des capacités de remplacement.
Nécessaire maîtrise de la demande d’énergie
Pour l’instant, l’essentiel des mesures en matière de maîtrise de l’énergie sont d’ordre incitatif. Ces dernières ont montré leurs limites : à leur rythme, on ne parvient ni à absorber le choc du pic pétrolier et gazier, ni à respecter nos engagements en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre au-delà de 2012. Les différents plans fédéral et régionaux relatifs à l’énergie ne sont d’ailleurs pas des plus ambitieux[[Commission of the European Communities, Synthesis of the complete assessment of all 27 National Energy Efficiency Action Plans as required by Directive 2006/32/EC on energy end-use efficiency and energy services, Moving Forward Together On Saving Energy, SEC(2009)889 final.]]. On peut donc faire beaucoup mieux et enclencher ainsi la spirale des effets positifs.
Mais comment ? En agissant sur tous les fronts! Le normatif d’abord : plafonds de consommation, performance énergétique des bâtiments, contrôles, etc. Mais aussi sur le comportement et l’information notamment par la mise en place d’une tarification progressive de l’électricité [ Voir : [Un accès plus durable à l’électricité après le 7 juin ? ]]. Malheureusement, malgré de nombreuses études et mémorandums, malgré des constats partagés, les décideurs politiques n’ont pas encore pris la mesure du défi à venir. Entre autres car il implique que l’on se base sur des projections à moyen et long terme, apparemment incompatibles avec les horizons politiques. Par ailleurs, les outils manquent pour évaluer les mesures en place[Voir : [l’analyse de la Fédération ]] qui ne résoudront le problème qu’à la marge.
La Fédération Inter-Environnement Wallonie est persuadée que répondre au défi de la maîtrise de la demande d’énergie aura de nombreuses répercussions positives pour l’ensemble des citoyens : économies d’énergie, réductions d’émissions de gaz à effet de serre, réductions des factures d’énergie, création d’emplois[Voir : [la position de la Fédération sur le sujet ]].
Une rentrée parlementaire chargée
La question énergétique sera à l’ordre du jour du Parlement fédéral : la version définitive du rapport Gemix, censé éclairer les décideurs politiques sur le mix énergétique idéal, sera déposé mi-octobre. En parallèle, l’étude prospective électricité sera elle aussi disponible. Les conclusions du rapport provisoire laissent augurer de longs débats sur la question du maintien de la loi de sortie du nucléaire. Nous y reviendrons.
Au niveau régional, le Gouvernement mettra sur pied ses alliances emploi-environnement dont l’une serait consacrée à un vaste plan d’isolation des logements. La Fédération a déjà fait une série de propositions en la matière [Voir : [la position de la Fédération sur le sujet ]] et suivra dès lors avec intérêt ce dossier phare de l’Olivier.
Dans sa déclaration de politique régionale[Voir : [l’analyse de la Fédération ]], le nouveau Gouvernement régional a intégré des mesures en matière de mobilité et de structuration du territoire dans sa politique de maîtrise de la demande d’énergie. Le projet d’actualisation du PMDE[Voir : [l’analyse de la Fédération ]] contient nombre de propositions en la matière. Présenté au précédent Gouvernement en mai, le document n’avait pas fait l’objet de débats parlementaires – proximité des élections oblige. La Fédération considère que ce nouveau PMDE constitue une bonne base de départ pour élaborer la politique énergétique entre 2010 et 2020.
La rentrée va donc permettre de savoir si les décideurs politiques en charge de l’énergie auront l’imagination pour trouver des solutions innovantes mais aussi la volonté politique de les mettre en ½uvre. Et si possible, sur le long terme.
* Slogan d’une campagne 2008 de l’Ademe. Illustration : Averti
Billet d’humeur publié dans la dernière livraison de nIEWs, la newletter de la Fédération.
Découvrez les autres analyses critiques de ce numéro en cliquant ici.