« Garantir une énergie sûre, durable et accessible à tous» (point 1); « donner la priorité aux énergies renouvelables » (point 1.1) « soutenir toutes les politiques visant à réduire drastiquement la consommation de ressources naturelles et d’énergie, en particulier fossiles » (point 2.1) , « soutenir activement, dans la mesure de ses moyens et compétences, toute initiative permettant aux citoyens de modifier leur comportement quotidien en faveur de l’environnement et de la réduction des émissions des gaz à effet de serre » (point 2.1): la feuille de route du nouveau Secrétaire d’Etat à l’Energie, l’Environnement et la Mobilité contient une série d’intentions louables motivées par des préoccupations environnementales. Cependant, les mesures avancées pour mettre en ½uvre ces objectifs restent insuffisantes au regard de l’importance des défis que représentent pour notre société les changements climatiques et la transition vers un système énergétique durable. S’il est vrai que le niveau fédéral est de plus en plus vidé de sa substance au profit des Régions, il garde néanmoins des leviers importants auxquels il n’est pas suffisamment fait appel dans cette note.
Sortie du nucléaire
On peut se réjouir de voir le gouvernement confirmer sa volonté de fermer les centrales nucléaires conformément à la loi de 2003. Cependant, le calendrier de fermeture va dépendre de la réalisation d’un plan d’équipement sur lequel la note lève un petit coin du voile. Ainsi, le gouvernement fédéral va, avec les Régions, sélectionner des sites pour accueillir de nouvelles unités de production, un certain nombre de procédures seront simplifiées pour accélérer la construction des nouvelles centrales, et les acteurs concernés seront consultés. La question est de savoir quelles seront les parties prenantes. Espérons qu’il ne s’agisse pas là de tractations en coulisses pour accommoder les grands énergéticiens mais que d’autres acteurs seront également consultés, d’autant plus que l’ambition est de développer un plan non seulement à court terme mais aussi à moyen et long termes. Ce serait là une occasion rêve créer une vraie vision concertée à long terme de notre avenir énergétique qui fait actuellement cruellement défaut. On peut aussi s’inquiéter de voir figurer une date plus vague pour la réalisation du plan d’équipement: « mi 2012 » dans la note du nouveau Secrétaire d’Etat en lieu et place de « sans délai et au plus tard dans les six mois après son installation (soit début juin) » dans l’accord de gouvernement. Rappelons que l’incertitude sur la fermeture des centrales n’a que trop duré et ne fait que retarder les investissements dans les nouvelles capacités de production.
Economies d’énergie
Le volet énergie ne souffle mot sur les économies d’énergies et l’efficacité énergétique qui représentent pourtant LA priorité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, augmenter notre indépendance énergétique et notre sécurité d’approvisionnement, réduire la facture énergétique et créer des emplois. La compétence d’utilisation rationnelle de l’énergie se trouve certes au niveau des régions mais le fédéral dispose toujours de leviers importants et ne peut se passer de ce moyen incontournable pour garantir « une énergie sûre, durable et accessible à tous ». Il est absolument nécessaire de renforcer la coordination et de créer des synergies en la matière entre les niveaux fédéral et régionaux.
La réduction « drastique » de la consommation d’énergie, en particulier fossile, est mentionnée dans le volet climat mais sans préciser les mesures concrètes envisagées pour y parvenir.
Recherche et développement
En matière de recherche et développement, seul le secteur nucléaire sera soutenu via les applications médicales et de la radioprotection, « pour des questions de santé publique » (point 1.4). Si le financement de R&D dans ce domaine à des fins médicales est amplement justifié, espérons qu’il n’y ait là rien à lire entre les lignes qui relèverait de la justification d’un financement irresponsable et onéreux de la recherche sur les réacteurs de quatrième génération (Myrrha). Par ailleurs, il est regrettable qu’alors que la priorité veut être donnée aux énergies renouvelables, celles-ci, pas plus que les économies d’énergie, ne semblent bénéficier d’aucun financement.
Oublis ?
Pas un mot non plus, contrairement à l’Accord de gouvernement, sur le prélèvement de la rente nucléaire. Cet « oubli » laisse craindre que la contribution du secteur nucléaire passera à la trappe pour boucher les trous du budget de l’Etat plutôt que de soutenir une nouvelle politique énergétique.
Enfin, peu dans cette note sur le développement de réseaux électriques (interconnexions, smart grid, stockage,…) mis à part pour le développement de l’éolien en Mer du Nord. Rien sur l’amélioration du fonctionnement des réseaux de l’électricité et du gaz qui est encore loin d’être optimal. Rien non plus sur la politique énergétique européenne et internationale… On se demande par contre ce que fait le master plan « véhicule électrique » dans la partie énergies renouvelables.
Climat
Le volet climat, lui, se limite presqu’uniquement à la politique européenne : répartition des objectifs climatiques européens entre les entités fédérées, plaidoyer pour un passage à un objectif climatique européen de 30% en 2020, amélioration du système de quotas d’émissions, des objectifs tous très positifs. On déplore par contre de ne rien trouver sur le développement d’une vision de la politique climatique belge sur le long terme. La reprise des travaux sur la loi « climat » fédérale, abandonnés lors la chute du gouvernement, n’est même pas mentionnée.
En bref, une note légère avec une série de bonnes intentions voire de lieux communs, mais qui tourne court dès qu’il s’agit de mise en ½uvre.