Le 18 octobre dernier, bravant le froid et la pluie, cheminots, usagers et associations environnementales s’unissaient pour la première fois contre le plan d’économies envisagé alors par la SNCB. Dans un mouvement commun, ils avaient été reçus par le Conseil d’Administration de l’opérateur ferroviaire et inauguraient alors ce qui allait devenir un nouvel interlocuteur de poids pour la politique ferroviaire belge : EnTrain, le Rassemblement pour un rail performant !
Plusieurs mois ont passé depuis cette première action commune… et de nombreux fruits ont mûri sur cette branche prometteuse. En cinq mois, de janvier à juin 2012, sept réunions ont déjà permis aux trois têtes chercheuses de solutions pour le rail (Fédération Inter-Environnement Wallonie, syndicats de cheminots : CGSP, CSC et SLFP, et association d’usagers Navetteurs.be) de se connaître et d’entamer des actions concrètes pour une amélioration sensible de la réalité ferroviaire en Belgique.
Au premier plan de celles-ci : le lancement d’une pétition « pour un rail performant », visant à orienter les décisions stratégiques qui seront prises prochainement pour le chemin de fer. En ligne de mire : le Plan pluriannuel d’investissements 2013-2025 (PPI), qui consacrera les investissements dans le rail pour les douze prochaines années, mais aussi le futur Plan Transport, qui décidera de la façon d’exploiter le réseau à l’avenir, ou la réforme du groupe SNCB, indispensable pour assurer une meilleure efficacité et réduire les coûts inutiles[[On se référera à ce sujet à l’analyse toute récente de la Cour des Comptes sur les flux financiers du groupe SNCB. On y apprend, par voie de presse, que 114 filiales travaillent pour le groupe ferroviaire, qui a dépensé 837 millions d’euros entre 2005 et 2011 en frais de consultance (dont plus de 633 millions d’euros rien que pour la SNCB-Holding). Surtout, c’est l’absence de transparence sur les flux financiers et les doublons liés à la structure actuelle qui sont en cause.]]. Des enjeux majeurs qui pourraient bien décider de relancer durablement le service public ferroviaire… ou de l’enterrer pour de bon !
Le message de cette pétition est sans appel : « Le prestige ou le service ? Signez pour des choix budgétaires pertinents ! ». A côté d’un refinancement massif de la politique ferroviaire (qui subit de plein fouet le sous-financement chronique, ces dernières décennies, dans des investissements utiles), des choix budgétaires forts devront être posés afin de répondre aux fondamentaux du rail… et non à des dépenses inutiles ou de prestige !
Qu’entend-on par « fondamentaux du rail » ? Des investissements urgents et indispensables pour assurer la qualité que l’on peut exiger d’un service ferroviaire :
➢ Des trains fiables et à l’heure
➢ Une fréquence à la demi-heure, y compris le soir et le week-end, avec des correspondances assurées
➢ Un service de mobilité complet, intégré aux autres modes de transport
➢ L’amélioration de la capacité du réseau et la réouverture de lignes
➢ Un confort d’attente et de voyage garanti, y compris aux heures de pointe
➢ Le maintien et la rénovation des gares et points d’arrêt existants
➢ Une sécurité renforcée sur le réseau et dans les trains
➢ Les recrutements essentiels aux exigences de qualité du service public
➢ Des conditions de travail améliorées pour les cheminots
➢ Une organisation structurelle plus efficace du groupe SNCB
Pour atteindre ces objectifs, une série de propositions concrètes et réalistes sont déclinées dans un cahier de revendications commun, accessible à tous sur le site www.pourunrailperformant.be. Parmi celles-ci, des idées pour améliorer la robustesse du réseau (et donc éviter les avaries responsables de nombreux retards), pour définir une offre de qualité, pour offrir un cadencement en réseau via le concept de n½uds de correspondance, pour mieux coordonner l’offre de mobilité entre les différents modes de transport (SNCB, TEC/De Lijn/STIB, initiatives de mobilité rurale alternative, vélo, etc.), pour améliorer la capacité du réseau et répondre à l’accroissement sensible de la fréquentation du rail (+50% depuis le début des années 2000), pour améliorer le confort d’attente et de voyage de l’usager, pour rénover les gares et points d’arrêts existants, pour renforcer la sécurité, etc. Des pistes aussi pour se doter des ressources humaines indispensables à l’exécution des missions de service public, en leur assurant des conditions de travail décentes pour les cheminots, mais aussi pour repenser une organisation structurelle plus efficace et plus démocratique du groupe SNCB. Un document à mettre dans toutes les mains, donc !
Et pour porter pleinement ces revendications essentielles, une grande action médiatique a été organisée le 29 mai dernier, dans de nombreuses gares wallonnes et bruxelloises (en particulier à Liège-Guillemins, Namur, Ottignies, Charleroi et Mons, ainsi qu’à Bruxelles-Midi, Nord et Central). Les usagers du rail ont ainsi pu marquer leur soutien en apposant leur signature aux pétitions circulant ce jour, et se joindre aux nombreux signataires s’étant déjà manifestés en ligne (www.pourunrailperformant.be). Quinze jours plus tard, nous en sommes déjà à près de 6500 signatures cumulées pour un rail plus performant !
Mais le succès ne s’arrête pas à un objectif chiffré ! A côté de l’accueil positif des usagers en gare et des nombreux relais médiatiques qui témoignent de l’intérêt pour un rassemblement inédit entre usagers, cheminots et organisations environnementales[Voir la revue de presse présente sur le site [www.pourunrailperformant.be.]], l’intérêt politique semble présent également ! Chaque député fédéral et wallon a reçu une invitation à signer et à relayer la pétition, ainsi qu’à prendre connaissance du cahier de revendications associé. Certains[C’est le cas, par exemple, de Kattrin Jadin, députée fédérale MR, qui a posé trois questions parlementaires au Ministre des Entreprises publiques en date du 5 juin 2012. Voir le compte-rendu de commission, disponible ici : [http://www.lachambre.be/doc/CCRI/pdf/53/ic502.pdf.]] en ont d’ailleurs profité pour interpeller le Ministre des Entreprises Publiques, Paul Magnette, sur les priorités à faire figurer dans le prochain Plan pluriannuel d’investissements 2013-2025. Gageons que les parlementaires auront à c½ur de porter un message pertinent sur l’enjeu majeur que constitue la politique du rail dans notre pays !
Le Ministre des Entreprises publiques ne s’est pas non plus fait attendre. Il a proposé au Rassemblement pour un rail performant une rencontre avec son cabinet, afin d’échanger sur les propositions concrètes portées par EnTrain. Le rendez-vous est fixé au 19 juin prochain. Le Rassemblement pour un rail performant ne manquera pas de communiquer sur les échanges qui auront pu émerger de cette rencontre prometteuse.
Enfin, le travail élaboré par les partenaires durant ces derniers mois persistera après la remise officielle de la pétition. Le Rassemblement pour un rail performant sollicitera ainsi une audition à la Commission Infrastructure de la Chambre ainsi qu’à la Commission Mobilité du Parlement wallon. Il proposera également un entretien aux différents groupes politiques parlementaires, actifs au niveau fédéral et régional, afin de connaître les positionnements des diverses tendances politiques sur les priorités à soutenir pour un avenir plus radieux du rail en Belgique. Du pain sur la planche, donc, pour EnTrain, mais aussi l’espoir d’un plaidoyer efficace pour le renouveau du chemin de fer !
En attendant, aidez-nous à atteindre 10.000 signatures ! Signez pour des choix budgétaires pertinents sur le site www.pourunrailperformant.be et n’hésitez pas à diffuser cette invitation autour de vous (par email, en déposant des pétitions dans les commerces, en faisant signer vos amis et collègues, etc.) !