La sortie du nouveau rapport sur l’état de l’environnement est un moment privilégié pour faire un bilan objectif de la situation en Wallonie, de ses évolutions et des mécanismes qui les sous-tendent. Cet édifiant travail de compilation et de mise en perspective constitue un précieux outil d’évaluation des politiques publiques menées. Au terme de la lecture du dernier opus présenté ce matin, Inter-Environnement Wallonie et Natagora perçoivent une lueur d’espoir sur un tableau d’ensemble encore trop sombre.
Inter-Environnement Wallonie et Natagora ont réalisé une première analyse de cette nouvelle mouture du précieux document de travail que constitue le rapport sur l’état de l’environnement wallon 2017.
Elle pointe quelques encourageantes évolutions, notamment au niveau de la qualité de l’air, de la qualité de l’eau de consommation, de la gestion des déchets, et enfin du développement de l’agriculture biologique et de la consommation de ces produits par la population. L’attention sur ces évolutions encourageantes ne doit cependant pas être relâchée d’un iota car les risques de régression sont bien réels, notamment en ce qui concerne la qualité de l’air, dont le transport reste un facteur aggravant.
Ces lueurs d’espoir peinent pourtant à percer sur un fond franchement sombre dans trois domaines essentiels qui sont des indicateurs fondamentaux de notre mode de développement : l’artificialisation du territoire et sa fragmentation, le transport et la biodiversité.
Le territoire wallon apparaît, au fil des indicateurs présentés, toujours plus malmené. L’explosion des surfaces résidentielles, mais aussi des superficies dédiées aux usages industriels et artisanaux, a abouti à une progression de près de 40 % de l’artificialisation du sol en 30 ans, un rythme extrêmement préoccupant. Chaque année, ces sont 18 km² qui sont arrachés à la nature, l’équivalent de la commune de Rixensart ! IEW et Natagora réitèrent leur souhait de voir le Schéma de Développement Territorial, en tant que document faîtier, contribuer à inverser cette tendance, notamment en fixant des objectifs ambitieux en vue de mettre fin à cette artificialisation.
Le transport, qui participe à cette artificialisation, poursuit sa course sans fin. Le secteur est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, en constante augmentation (+ 28% entre 1990 et 2014). Or, il convient de réduire la demande de mobilité, réaliser un transfert vers les modes les moins polluants et améliorer le bilan environnemental des véhicules. Les associations souhaitent notamment, pour endiguer cette problématique, un moratoire sur les augmentations de capacité du réseau routier et la traduction rapide de la vision FAST 2030 approuvée par le Gouvernement en un plan d’action concret.
Côté biodiversité, le tableau est noir : neuf habitats Natura 2000 sur 10 sont dégradés, plus d’un tiers des espèces monitorées sont en danger d’extinction (en particulier, les papillons, libellules, reptiles et poissons). Le déclin des oiseaux communs se poursuit : – 50% en 25 ans ! Il est urgent de réactiver la création de réserves naturelles mais aussi de réduire l’usage des pesticides destructeurs.
A travers ces trois secteurs, c’est in fine notre mode de développement qui est montré du doigt et doit être remis en cause. A travers ce Rapport sur l’Etat de l’environnement, la Wallonie dispose d’un outil de diagnostic rigoureux, qu’elle gagnerait à utiliser concrètement pour penser et mettre en œuvre son redéploiement. Le succès de notre région ne pourra se réaliser sans un environnement de qualité et une santé assurée pour tous les habitants de Wallonie.
Analyse du rapport réalisée par IEW et Natagora : cliquez ici
Le rapport sur l’état de l’environnement wallon 2017 : cliquez ici
Contacts :
Céline Tellier, IEW, Secrétaire générale adjointe, Directrice politique : 0473 577 976
Philippe Funcken, Natagora, Secrétaire général : 0487 971 711 (à privilégier pour les questions agricultures, nature, biodiversité)