La Commission européenne a présenté ce 3 mars « Europe 2020 », la nouvelle stratégie économique de l’Union. Celle-ci succède à la Stratégie de Lisbonne adoptée en mars 2000 et s’inscrit dans la mode du durable, visant une économie sobre en carbone et le respect des objectifs du Paquet Energie-Climat.
La Stratégie de Lisbonne, un échec
Avec la Stratégie de Lisbonne, l’Union européenne entendait «devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi dans le respect de l’environnement». Depuis, 10 ans ont passé et force est de constater que ladite stratégie est un cuisant échec. Même l’Union européenne l’a reconnu, faisant ce 3 mars son mea culpa.
Le bilan n’est en effet pas à la hauteur des ambitieux objectifs que l’Europe s’était fixés. Alors que le taux d’emploi européen devait, en vertu de la Stratégie de Lisbonne, passer de 69 à 75 %, il se situait, en 2008, à 66 %… Idem pour les investissements en R&D qui auraient dû atteindre 3 % du PIB mais qui plafonnent à 1.9 %. Pour couronner le tout, l’écart de croissance économique avec les plus grands pays industrialisés subsiste.
La Commission Barroso II attribue cet échec à un manque de cohérence entre les politiques nationales mais aussi à la crise économique.
Europe 2020 : 3 piliers, 5 objectifs
La nouvelle stratégie «Europe 2020» est planifiée sur 10 ans. Elle entend développer une croissance «intelligente, durable et inclusive» s’appuyant sur une plus grande coordination des politiques nationales. Accélérer la sortie de crise, relancer l’économie européenne, tel est son leitmotiv. Avec une nuance d’importance : cette stratégie doit également poser les fondations d’une croissance durable.
Europe 2020 repose sur 3 moteurs de croissance :
une croissance intelligente (économie fondée sur la connaissance et l’innovation);
une croissance durable (économie sobre en carbone, économe en ressources et compétitive);
une croissance inclusive (économie à fort taux d’emploi).
« Nous devons bâtir un nouveau modèle économique fondé sur la connaissance, une économie sobre en carbone et des taux d’emploi élevés» a déclaré Barroso lors de sa présentation.
Cinq objectifs quantitatifs principaux sont fixés :
remonter le taux d’emploi chez les 20-64 ans à 75 % ;
consacrer 3 % du PIB aux investissements en R&D ;
atteindre les objectifs 20/20/20 en matière d’énergie et de climat ;
ramener le taux d’abandon scolaire en-dessous de la barre des 10 %;
augmenter d’au moins 40 % le taux d’obtention d’un titre ou d’un diplôme pour les jeunes générations ;
réduire de 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté.
Des incertitudes
Si on peut se réjouir que l’Europe place (enfin) l’environnement au c½ur de son programme de relance économique, on peut aussi regretter que cette stratégie s’inscrive une fois de plus dans un business as usual que l’on se limite à teinter de vert.
En outre, des incertitudes planent quant à la réalisation des objectifs environnementaux. Comment, par exemple, s’assurer que l’industrie réduise réellement son empreinte carbone alors que le marché des quotas d’émissions auquel elle est aujourd’hui soumise souffre de dysfonctionnements (sur-allocation de quotas, crise économique, …) qui nuisent à son efficacité ?
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