Ce 28 mai a signé la clôture de l’avis d’enquête publique pour un permis d’environnement demandé par SA GAZONOR BENELUX pour l’exploitation du gaz résiduel sur 3 anciens sièges de charbonnages de Monceau-Fontaine. Le projet vise à extraire le gaz présent dans les galeries de l’ancienne mine (le grisou ou gaz résiduel) et à l’utiliser dans une centrale de cogénération produisant électricité et chaleur .Le grisou c’est principalement du méthane quasi pur ± 95% s’échappant progressivement des veines de charbon (le reste étant du CO2, de la vapeur d’eau, de l’azote). Il est tristement célèbre, car il s’enflammait pour former le fameux « coup de grisou », tant redouté par les mineurs et particulièrement fréquent dans le bassin houiller franco-belge. Le grisou est donc du gaz de houille à l’état libre dans les failles ou galeries des mines.
Ce n’est pas le premier site de ce type, Gazonor a déjà lancé en 2019 une production similaire à Anderlues. Le grisou fut également exploité jusqu’aux années 70 1, notamment avant la fermeture du site d’Anderlues en 1975, reconverti en site de stockage du gaz naturel entre 1975 et 2004.
A priori capter le gaz contenu dans les galeries de mine peut être positif en terme climatique, car s’il n’est pas capté, ce puissant gaz à effet de serre pourrait s’échapper dans l’atmosphère. Toutefois, la pression à l’intérieur des mines peut être plus faible que la pression atmosphérique. Sans intervention extérieure, le risque qu’il s’échappe dans l’atmosphère et accélère le réchauffement climatique pourrait dès lors être faible. L’exploitation de ce méthane ne présenterait dans ce cas de figure aucun intérêt d’un point de vue environnemental et il est donc partiellement erroné de qualifier ce projet de gaz « vert »… D’autant que pomper le gaz diminue la pression au sein des mines, favorisant la libération du gaz de houille piégée dans la roche…
Ne pas aller au-delà du gaz résiduel/grisou
En regardant les chiffres des anciens gisements de grisou, on constate assez logiquement que la concentration en gaz n’a fait que diminuer au fur et à mesure qu’il est extrait des galeries rendant le site non exploitable après 5 et 15 ans. Il est dès lors légitime de questionner les projets de l’opérateur sur le plus long terme.
Nous tenons dès lors à rappeler que l’exploitation du site doit se limiter strictement au seul gaz résiduel/grisou et non à la totalité du gaz de houille «coincé» dans les veines de charbon. Le grisou constitue la partie infime du gaz de houille (±10%) 2. L’exploitation de ce gaz impliquerait des techniques d’injection de liquide ou de gaz dans le sol pour fractionner/stimuler la roche et permettre l’échappement du gaz.. Aujourd’hui, suite à son utilisation intensive pour extraire les gaz de schiste notamment aux États-Unis, les conséquences de la fracturation sur l’environnement sont connues et inacceptables (elle augmente la pollution de l’environnement, accroit l’activité sismique, augmente l’effet de serre en relâchant beaucoup de méthane dans l’atmosphère et est susceptible de rendre l’eau courante inflammable). Les autres techniques d’extraction comme la stimulation de la roche avec un gaz comprimé (propane, CO2, Azote) sont, à ce jour, moins sollicitées et si la question vous intéresse vous trouverez ici un rapport très complet. Cependant, le risque de retourner à ce genre de technique, c’est faire abstraction des mises en garde d’important organisme comme l’agence internationale à l’énergie (AIE) qui sollicite la fin de toute nouvelle exploitation de ressources fossiles dans son scénario net zéro 2050.
L’ouverture de ce nouveau projet Gazonor devrait donc pousser la Wallonie à adopter au plus tôt une position claire interdisant les techniques de fracturation comme cela a été fait en France et en Allemagne. Tant que ce vide juridique n’est pas comblé et que ces techniques ne sont pas abolies sur le territoire, la porte reste ouverte à l’exploitation intensive de cette énergie fossile.