Ce jeudi, le Gouvernement wallon se penchera sur un projet d’arrêté du Ministre Carlo Di Antonio visant à réduire l’exposition des riverains aux pesticides. Ce projet introduit un cadre réglementaire pour des mesures reconnues depuis longtemps comme relevant de la « bonne pratique agricole ».
Le texte prévoit une révision, au second semestre 2018, qui doit permettre d’aller plus loin, sur base, notamment, des résultats d’une importante étude en cours sur l’exposition des riverains.
Inter-Environnement Wallonie, Nature & Progrès, Natagora & Test-Achat appellent le Gouvernement wallon à agir dès à présent au regard de l’exposition importante des riverains de zones agricoles.
L’agriculture wallonne est l’une des plus intensives en termes d’utilisation des pesticides, notamment en raison du développement des cultures comme la pomme de terre qui nécessitent de 15 à 25 traitements annuels alors qu’elles représentent 12,5 % des surfaces cultivées.
Par ailleurs, l’aménagement du territoire régional favorise de nombreuses interfaces entre habitats et zones de pulvérisation, dont des prairies en bordure de village qui sont aujourd’hui labourées. Ces différents facteurs contribuent largement au fait que les riverains de zones agricoles sont particulièrement exposés.
Des études ont mis en évidence les liens entre l’exposition des riverains et certaines maladies : Parkinson, leucémie chez l’enfant en cas d’exposition prénatale, nombreux troubles de neuro-développement et de croissance fœtale…
S’il faut regretter l’absence d’étude spécifique en Belgique, cela ne justifie pas l’inaction : les pesticides incriminés en Californie ou en France sont susceptibles de produire les mêmes effets en Wallonie.
Nos associations considèrent qu’il est urgent d’agir au regard des études existantes démontrant dans des situations comparables des incidences sur la santé des riverains.
Le projet du Ministre, dont le contenu a été dévoilé ce jour dans la presse, intègre certaines « bonnes pratiques » dans la Loi. Rien de plus. Il s’agit de l’utilisation de moyens techniques assurant une réduction de 50 % de la dérive de pesticides et l’interdiction de pulvériser dès lors que la vitesse du vent atteint 15 km/h.
Ces « bonnes pratiques agricoles » ont été reconnues comme nécessaires et pertinentes tant au niveau européen que belge par l’ensemble du secteur dans le cadre d’une étude européenne. Les faire entrer dans un cadre réglementaire permettra de mettre fin aux abus constatés sur le terrain.
En complément, le Ministre proposera au Gouvernement d’interdire les traitements à moins de 50 mètres des lieux d’accueil d’enfants et de personnes vulnérables (écoles, crèches, …) durant leur horaire d’occupation. Cette mesure constitue un premier pas dans la bonne direction et devra être évaluée sur base de l’étude en cours.
Ces propositions, nécessaires, restent néanmoins clairement insuffisantes pour les associations qui appellent le gouvernement :
- à limiter, sur les terrains jouxtant les lieux d’habitation, l’implantation des cultures les plus utilisatrices de pesticides, comme la pomme de terre ;
- à instaurer en bordures des lieux d’habitation de vraies bandes « tampons » sans aucun traitement. Ces bandes tampons sont en outre des outils concrets en faveur de la biodiversité ;
- à informer les riverains en amont de pulvérisations afin qu’ils puissent se protéger, ainsi que leurs familles et animaux.
Outre de telles dispositions, il est indispensable, au niveau fédéral, de retirer les agréations des pesticides les plus problématiques pour la santé (perturbateurs endocriniens, cancérigènes possibles…) ainsi que les substances les plus volatiles.
Au niveau régional, il est essentiel de mettre en place un plan détaillé et ambitieux de réduction de l’utilisation des pesticides par l’agriculture.
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Contacts presse :
- Lionel Delvaux, chargé de mission « agriculture », Inter-Environnement Wallonie, 0497 76 60 11
- Julie Frère, porte-parole, Test-Achats, 0495 52 82 35
- Marc Fischers, Secrétaire général, Nature&Progrès, 0473 65 36 32
- Philippe Funcken, Secrétaire général, Natagora, 0487 97 17 11