La création du Climate Express remonte à 2014, lorsque Natalie Eggermont est venue annoncer à la Coalition Climat que Climat et Justice Sociale réitérait l’expérience du train pour Copenhague de 2009 et affrétait un train pour aller manifester à Varsovie, à l’occasion de la COP20. Ce train fut bien vite rempli. On se souvient encore de cet écran bienveillant de la SNCB à la gare du Midi : « Climate Express »… SNCB qui nous avait même offert le petit déjeuner au retour ! Dès ce moment, il fut question de remettre ça pour la COP21.
L’ensemble de la Coalition Climat a mobilisé largement pour le train vers Paris. Malheureusement les attentats de novembre 2015 en décidèrent autrement et nous nous sommes alors replié·e·s sur Ostende. Où nous étions 14.000 ! Cette année-là, un peloton cycliste était tout de même parvenu à rejoindre Paris.
Pour cette COP23, à Bonn, nos ami·e·s du mouvement Climate Express ont décidé de mener l’expérience cycliste à plus large échelle : ce 1er novembre 2017, 350 cyclistes démarraient le périple à Tour & Taxis, certain·e·s pour nous accompagner quelques kilomètres, la plupart pour aller jusqu’à Bonn. 320 cyclistes francophones et néerlandophones, de toutes les coins de Belgique, ont ainsi pédalé trois jours durant, à raison d’une centaine de km/jour, logeant dans des halls de sport et des écoles. Les cuistots-activistes de Kokerellen pourvoyaient aux repas.
La météo fut au top, nous avons longé des mines de lignite, ces grandes mines à ciel ouvert médiatisées par les actions de blocage de Ende Gelände, qui a profité que la COP23 se déroulait en Allemagne pour organiser une action de blocage le dimanche 5 novembre. Une cinquantaine de cyclistes du Climate Express se sont joint·e·s à l’action, et ont emmené un journaliste de la VRT. Ainsi, les porte-parole du mouvement, Charlotte Scheerens et Samuel Lietaer, ont été interviewé·e·s sur place pour le JT de la VRT.
On notera que dans les prises de parole, une grande attention est accordée à l’équilibre entre femmes et hommes. Parmi les cyclistes, une belle mixité, beaucoup de jeunes, des plus âgé·e·s aussi. Cela était bien visible également à Bonn même, le samedi 4 novembre, où nous avons manifesté à l’ouverture de la COP23 aux côtés de 25000 autres activistes venu·e·s des 4 continents pour la protection du climat.
Parmi les expert·es représentant les ONG Belges pour suivre les négociations de la COP23, nous remarquons là-aussi une belle représentation féminine, avec Brigitte Gloire d’Oxfam, Véronique Rigot du CNCD-11.11.11, qui coordonne la Plateforme Justice Climatique, et Julie Vandenberghe du WWF. Noé Lecocq y était pour IEW.
La Coalition Climat elle-même est co-présidée par deux femmes : Laurien Spruyt du BBLV et Sarah Schlitz d’IEW. Julie Van Houtryve en assure la coordination.
Nouveauté en 2017 : la plateforme #BelgiumActNow, regroupant une large coalition de citoyen·nes et associations, qui a lancé un appel à l’action le dernier week-end de la COP23, du 17 au 19 novembre. Elle invitait les citoyen·nes à passer à l’action pour marquer leur exaspération de voir si peu d’ambition politique répondre aux défis gigantesques de notre temps. Ici aussi, à la manœuvre, de jeunes femmes dynamiques et engagées comme Laure Kervyns, chargée de com chez Friends of The Earth. Au programme du week-end, plusieurs masses critiques cyclistes et des actions de désobéissance civile. Ces actions ont mobilisé plus de 1000 personnes dans différentes villes du pays !
Ces mobilisations d’un genre nouveau ont pour caractéristique la convergence des luttes. On y verra un·e militant·e anti TTIP aux côtés d’un·e membre de la Voix des Sans Papier réclamer des politiques climatiques ambitieuses. La conscience que toutes ces luttes sont interconnectées est forte. Evidente. C’est la raison pour laquelle les questions de genre sont aussi présentes.
C’est aussi la raison pour laquelle nous avons décidé de prendre la plume en réaction à l’argumentation sur les relations entre femmes et hommes, que nous estimons alambiquée, tenue dans la chronique impertinente de Pierre Titeux parue dans le précédent n° de nIEWs.
En 2016, Associations 21 et Le Monde Selon les Femmes ont mené une recherche action sur le genre dans les organisations de développement durable (http://www.mondefemmes.be/pdf/mf-r-p18-genre-et-dd-web.pdf). Les résultats montrent que beaucoup reste à faire pour rééquilibrer les fonctions dans ce secteur pourtant largement féminisé, où l’on se partage le taf depuis belle lurette.
En conclusion, cette étude pointe que les femmes constituent un levier incontournable pour la transition vers une société plus durable et solidaire, et que la prise en compte du genre est une question éminemment stratégique dans le secteur associatif.
En effet, les modes de gouvernance des structures associatives évoluent, les équipes se forment aux méthodes d’intelligence collective, une transition s’opère çà et là dans les managements. Là où des méthodes plus horizontales sont mises en oeuvre, où le souci de répartir les responsabilités et la parole se concrétise en actes, les femmes ont en moyenne plus de possibilités de se faire entendre et d’assumer des responsabilités.
A l’heure où l’humanité se trouve devant une abyssale incertitude quant à son avenir, relevons ensemble le défi de construire un avenir durable, avec autant de cohérence que celle demandée au personnel politique : nous lui demandons de transformer la société ? Commençons par nos propres organisations.
Antoinette Brouyaux, Association 21 et Sarah Schlitz, Inter-Environnement Wallonie.