Ce 1er septembre, grâce à l’entrée en vigueur des normes eco-design, les aspirateurs bruyants et inefficaces seront bannis du marché. Ce faisant, pas moins de 19TWH d’électricté et environ 3 milliards d’euros sur la facture énergétique des ménages – soit 14€ annuels par ménage – seront économisés en 2020. L’équivalent, à peu de choses près, de toute la consommation d’électricité résidentielle de notre pays.
La « Directive Ecodesign » vise à améliorer les performances environnementales des produits en lien avec l’énergie (comme les boilers, les ordinateurs, les télévisions, les transformateurs, etc.) par la définition de normes de performances minimales applicables à tous les nouveaux appareils mis sur le marché. Ce 1er septembre, une première série d’exigences s’appliqueront aux aspirateurs mis en vente au sein de l’Union – soit plus de 54 millions d’unités vendues tous les ans . Ces exigences fixent des limites en matière de puissance maximum, de consommation annuelle d’énergie, de bruit et de ré-émission de poussières. Elles introduisent également des exigences minimales en matière de performance d’aspiration. D’ici 2017, l’augmentation de la durée de vie sera à son tour couverte par des exigences spécifiques pour le flexible de l’aspirateur et son moteur.
Pour la première fois, les spécifications écodesign combinent un facteur d’efficacité énergétique et un maximum de puissance applicable à tous les modèles destinés à un usage domestique (1600 watts à partir de septembre 2014, 900 watts à partir de septembre 2017). Certains esprits chagrins pensent que la réduction de la puissance, qu’ils associent à une moindre efficacité de prélèvement de la poussière, nécessitera une augmentation de la durée d’utilisation de l’aspirateur… et donc une plus grande consommation d’énergie. Il n’en est rien : des mesures réalisées sur différents modèles montrent en effet qu’il n’y a aucun lien clair entre la puissance de l’aspirateur et son aptitude à prélever de la poussière. Les régulateurs de la Commission ne sont pas complètement à côté de leur pompe !
Il est toutefois indéniable que les mesures mises en œuvre actuellement par l’Europe ne suffisent pas pour atteindre les objectifs d’économie d’énergie et de diminution des émissions de gaz à effet de serre que s’est fixée l’Union – et, au-delà, pour réduire sa dépendance aux importations d’énergie ainsi que la facture de ses ménages. Cet échec s’explique par le focus fait sur l’efficacité énergétique des produits, les gains obtenus par ce biais étant dilapidés via une augmentation de la taille desdits produits, de la multiplication de leurs fonctions ou leur utilisation plus fréquente. Le problème est connu, reste maintenant à mettre en œuvre les mesures qui permettront de l’atténuer.
Cette question, spécifiquement liée à la « Directive Ecodesign » et l’étiquetage énergétique a fait l’objet d’une étude publiée début de cette année par Ökopol. Parmi les pistes identifiées, outre le fait de renforcer les exigences pour les appareils plus grands, on trouve également la définition de caps de consommation absolue qui ne peuvent pas être dépassés (comme dans le cas de nos aspirateurs). Ce type d’exigence existe notamment dans les critères de l’écolabel européen et de l’Ange bleu pour les télévisions, ainsi que pour les ordinateurs. La définition de ces caps devra être rigoureuse afin d’éviter le remplacement d’un grand appareil par deux plus petits dont la combinaison entraînerait in fine une plus grande consommation d’électricité. Elle devra également s’accompagner d’un large effort de communication et d’information, tant des décideurs politiques que des syndicats ou des associations environnementales et de consommateurs. Le format de l’étiquetage énergétique devra impérativement être repensé de manière à soutenir cet effort car à l’heure actuelle sa clarté (tant pour ce que recouvre le concept d’efficacité énergétique que pour les économies d’énergie) est à tout le moins discutable. Autres pistes analysées dans l’étude : l’intégration de fonctions qui permettent de réduire la consommation d’énergie par une adaptation aux besoins ou en influençant les comportements d’utilisation : adaptation de la luminosité au contexte, mode « éteint » automatique, alertes sonores, etc.
Quels que soient les choix posés par l’autorité européenne (en concertation avec les Etats-membres), les discussions à venir devront également se pencher sur la question de l’utilisation des ressources et de substances toxiques dans les produits concernés par cette législation – de manière à couvrir tous les enjeux liés à nos modes de production et de consommation.