Gestion des agrocarburants : l’Europe progresse mais doit encore réformer les politiques « bioénergies » !

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Ce mardi 28 avril le Parlement européen a entériné l’accord survenu en trilogue deux semaines plus tôt[Voir [cet article, puis celui-ci ]] limitant le pourcentage d’agrocarburants produits à partir de cultures qui rentrent en ligne de compte pour l’atteinte des objectifs d’énergies renouvelables dans les transports à l’horizon 2020.

Ce vote met fin à sept années de batailles politiques et marque un tournant dans l’approche européenne en matière d’agrocarburants. Ajoutée à la disposition antérieure[EU [Guidelines on State aid for environmental protection and energy 2014-2020, published in 2014 stated “operating aid to food-based biofuels can only be granted until 2020”]] de mettre fin aux subsides allouées aux agrocarburants de 1ère génération après 2020, la décision prise ce mardi envoie un signal clair à l’industrie : il n’y a plus d’avenir pour les agrocarburants nocifs sur le plan environnemental et social qui ont pourtant été favorisés pendant ces 15 dernières années. L’Union européenne a maintenant l’opportunité de favoriser des solutions plus durables notamment en matière de transport.

Au-delà du secteur des transports, c’est l’ensemble de sa politique en matière de bioénergies pour 2030 que l’UE doit repenser fondamentalement. Dix associations environnementales[Act !ionaid, BirdLife International, CAN, EEB, Fern, Greenpeace, Oxfam, Transport & Environment, Wetlands international, WWF]] publient [une série de propositions pour impulser les changements majeurs nécessaires pour éviter de nouveaux impacts négatifs liés aux bioénergies et ne pas reproduire le fiasco des agrocarburants. Ces évolutions comprennent un plafonnement des bioénergies dans la composition du futur mix énergétique assorti de garde-fous environnementaux. Il faut également cesser d’utiliser de facto un facteur d’émission égal à zéro sans considération pour le type de biomasse utilisée.

« Ce vote peut être considéré comme un signal important : la première génération d’agrocarburants a vécu et n’a plus sa place dans la future politique des transports. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Malgré cette décision décisive, de graves impacts générés par l’utilisation des bioénergies demeurent négligés. C’est la politique en matière de bioénergies dans son ensemble qui a besoin d’être repensée et développée avec prudence afin qu’elle tienne ses promesses vis-à-vis des citoyens, de l’environnement et du climat» réagit Faustine Defossez pour le Bureau européen de l’Environnement.

Alors que la politique EU ne soutient plus les agrocarburants produits à partir d’huile de palme ou de colza, rien n’est actuellement fait pour s’attaquer à d’autres problèmes comme la généralisation de l’utilisation de maïs pour la production de biogaz ou encore l’utilisation de bois issu de forêts riches en biodiversité pour produire de l’électricité.
Des voies de valorisation durable de la biomasse au sein du futur mix énergétique renouvelable peuvent contribuer dans la lutte contre le changement climatique et doivent être activement promues dans la politique énergétique européenne post-2020. Pour ce faire, il est impératif de reconnaître que le sol, les ressources forestières et autres sources de biomasse sont limités. La durabilité dépend du respect de ces limites.

Pour rappel, en février dernier IEW a organisé un workshop sur le sujet des bioénergies. L’évolution du cadre européen sur cette matière est fondamentale et les perspectives de réforme post-2020 doivent encourager les décideurs nationaux et régionaux à mettre tout en œuvre pour garantir une utilisation durable à long terme des bioénergies. La Fédération Inter-Environnement Wallonie ne manquera pas d’être particulièrement vigilante notamment dans le cadre de la future stratégie wallonne « biomasse énergie » attendue cette année.

Communiqué rédigé par BirdLife Europe & EEB et relayé par IEW.

Pour aller plus loin

Un nouveau site explore les enjeux liés aux bioénergies : http://eubioenergy.com/

Les propositions des ONG : « the role of bioenergy in the EU climate & energy policy post 2020 » (4)

Contact

BirdLife Europe & EEB: Sini Eräjää, EU Bioenergy Policy Officer sini.erajaa@birdlife.org , +32 467 975 960

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