Le 30 octobre 2015, l’EFSA a communiqué à la Commission ses conclusions sur l’évaluation toxicologique du suif aminé éthoxylé (tallowamine), une substance fréquemment utilisée comme coformulant dans les herbicides à base de glyphosate. Outre que ce formulant présente une toxicité significative, il peut avoir un effet négatif sur la santé lorsqu’il est utilisé avec du glyphosate.
Le 2 août 2016, la Commission européenne demandait aux États Membres de retirer les autorisations de produits à base de glyphosate contenant des tallowamines. Le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement a attendu cette décision pour retirer ces produits du marché. Dans sa décision, le SPF retire l’autorisation de mise sur le marché par les firmes productrices mais il autorise l’écoulement des stocks appartenant à des tiers (distributeurs, jardineries, …) jusqu’au 22 février 2017. Ces produits pourront être utilisés jusqu’au 22 février 2018.
Cette décision est interpellante à plus d’un titre :
Le SPF connaissait la toxicité de ce coformulant depuis plus d’un an et a attendu la décision de la Commission pour prendre des mesures. De nombreux pays ont anticipé cette décision en se basant sur l’avis de l’EFSA : la vente et l’usage de glyphosate au tallowamine y est déjà interdite.
Le SPF a autorisé des produits avec ce coformulant pour des usages amateurs alors même que la législation fédérale prévoit des dispositions plus restrictives en matière de santé pour cette catégorie d’utilisateur. Dans sa décision de retrait, le SPF ne prend aucune disposition spécifique pour protéger l’utilisateur amateur pourtant plus exposé de part sa moindre de formation.
Le retrait de la vente à partir du 22 février 2017 fait passer les intérêts de la distribution au détriment de la santé en autorisant l’écoulement des stocks. Le déstockage favorisera la vente en magasin de ces herbicides nettement plus toxiques et leur stockage. Enfin, soulignons l’hypocrisie du Fédéral qui interdit l’utilisation en février 2018 d’un produit alors même qu’un citoyen lambda ne peut savoir s’il contient ou pas des tallowamines.
Heureusement, les dispositions régionales à Bruxelles et en Wallonie devraient être beaucoup plus claires et devraient permettre de protéger le consommateur en limitant l’accès de ces produits en magasin d’une part et en interdisant l’usage de tout produit à base de glyphosate, qu’il contienne ou pas des tallowamines.