La récente – et controversée – classification par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) des ondes électromagnétiques (OEM) comme cancérogène possible ne vous aura probablement pas échappé. Si tel devait être le cas, ne manquez pas de lire ces articles pour être au parfum de la chose….
Cette classification intervient moins d’une semaine après l’adoption par le Conseil de l’Europe d’une résolution appelant à une réduction spectaculaire de l’exposition humaine aux champs électromagnétiques (CEM) et aux micro-ondes des téléphones portables et d’autres dispositifs sans fil. Le Conseil de l’Europe plaide notamment pour une réduction de l’exposition des enfants et des jeunes, chez qui le risque de tumeurs de la tête semble le plus élevé, pour une révision des normes d’exposition et pour un soutien à la recherche indépendante. L’ensemble des recommandations du Conseil de l’Europe sont détaillées sur le site de Teslabel – dont nous vous invitons à signer la pétition « Moins d’electrosmog », lancée en association avec le CLAG, Beperk De Straling et StralingsArmVlaanderen.
Il est à noter qu’une lettre ouverte rédigée par Annie Sasco de Women in Europe for a Common Future, et cosignée par de nombreuses associations, dont HEAL et Health care without harm a été adressée au directeur du CIRC quelques jours avant la réunion du comité devant décider de la classification des OEM. Et n’est-il pas étonnant de constater qu’entre le dépôt de ce courrier et la tenue des discussions, une partie des résultats d’Interphone aient été communiqués in extremis au comité, mais aussi, qu’à nouveau, l’indépendance de l’évaluation réalisée par les hautes sphères institutionnelles soit discutable.
Les OEM sont désormais classées au même titre que le DDT, le styrène, le dichlorvos et le chlorothanolil comme possible cancérigène. Possible – et oui, les « données manquent » pour pouvoir se positionner plus avant. Le refrain « il faut plus d’études pour être sûrs[« Augmenter le savoir disponible peut être, paradoxalement, une façon d’accroître l’ignorance du public. « De fait, ceux qui veulent produire de l’ignorance sur un sujet donné prônent généralement « plus de recherche », renchérit l’historien des sciences Peter Galison (université Harvard). Le fait que tous les points de détail ne soient pas résolus permet de donner l’illusion qu’il y a débat sur l’ensemble de la question. D’ailleurs, le slogan des néocréationnistes américains c’est : « Enseignez la controverse. » Voir [cet article. ]] » nous est à nouveau servi – pendant que nous sommes inlassablement en train de répéter les erreurs du passé : la mise sur le marché de produits ou technologies sans avoir d’informations suffisantes sur leurs effets à long terme – et sans que des mesures adéquates pour protéger les catégories les plus vulnérables comme les enfants soient prises en amont.
Cette classification s’accompagne d’une série de conseils pour une utilisation « prudente » du gsm – mais pas un mot sur une utilisation « raisonnée » ou, pour le dire mieux, sur une diminution de l’utilisation du GSM (et de l’achat de ceux-ci d’ailleurs), et pourquoi pas, soyons fous, sur l’abandon pur et simple de l’engin ? Est-il vraiment déraisonnable d’imaginer ces scénarios quand un faisceau de preuves et de présomptions pèse sur les effets sur la santé générés par son utilisation ? Quand, comme se fut le cas pour d’autres produits (cigarettes, pesticides, …) on constate qu’on est face à un scénario (re)connu où les lobbys de l’industrie de ce très lucratif secteur font tout pour opacifier le débat, semer le doute etc. ?
Et d’ailleurs… Dans quelles situations un gsm est-il vraiment utile? Reconnaissons-le, ils servent surtout à nous donner une contenance (ben oui, quand on poireaute tout(e) seul(e) quelque part, on a l’impression de s’occuper en pianotant sur son gsm – fut-ce pour ne rien raconter). Ou être joignable à tout endroit et à toute heure (à la caisse du supermarché par exemple, quand tout le monde attend que vous ayez fini de papoter pour payer – ou pire : au lit). Ou encore à se distraire avec les copains pendant les cours. Ou éventuellement, à prévenir ses parents qu’on s’est chopé une retenue et que le prof (qui vient de confisquer l’appareil, le sadique) est vraiment trop c… Ou vérifier auprès de madame que c’est bien du lait écrémé qu’on prend d’habitude (mais non, du demi-écrémé, combien de fois faudra-til te le dire!!)…
Plus sérieusement : ces petits instruments sont certes utiles – tiens prenons un exemple imparable : pour prévenir d’une arrivée en retard ! Mais, honnêtement, est-ce qu’avant, le fait de ne pouvoir prévenir sur le champs d’un retard était à ce point préjudiciable que l’on accepte sans réchigner, aujourd’hui, pour pallier au relatif inconvénient de la chose, de se griller le cerveau ? Par contre, combien de fois ne nous sommes-nous pas étonnés de constater que les jeunes (et moins jeunes d’ailleurs) sont de moins en moins capables de gérer le temps, d’anticiper les choses vu qu’avec l’engin, ben, il suffit d’envoyer un sms, hein… Cette utilité est, avouons-le, limitée, mais… Mais quand il faudra appeler de l’aide en situation vraiment difficile, alors là, on regrettera de ne pas l’avoir, l’indispensable outil (surtout que des cabines, ben y en a plus et celles qui restent, elles sont vandalisées). Point. La discussion est close ! Et on continue comme avant…
En filigrane de toutes ces questions un tantinet provocatrice se dessine celle, plus fondamentale, de la marge de manoeuvre qui nous est octroyée, en tant que citoyen/consommateur face à l’arrivée de nouvelles technologies (aux effets sur la santé et sur l’environnement non contrôlés) sur le marché. Quelle(s) possibilité(s) nous est (sont) accordée(s) à l’heure actuelle de prendre réellement position sur les formes d’innovation que l’on souhaite pour répondre à des besoins que l’on considère cruciaux dans notre société ? Quels lieux de débats existent pour mettre simplement en question cette imposition massive de nouveaux pseudo-besoins ? On a beau mettre en évidence par exemple les conditions d’exploitation de populations des pays du Sud, chargées d’extraire les ressources rares comme le coltan nécessaires pour produire nos précieux engins, rien n’y fait : le rouleau compresseur du « consommer pour être heureux » réduit à néant tout sursaut de conscience.
Mais, vous l’aurez remarqué, je suis mauvaise langue : il parait que très bientôt les gsm nous serviront à payer nos courses… çaaaa c’est vraiment utile!!!
Extrait de nIEWs 94, (du 9 au 23 juin),
la Lettre d’information de la Fédération.
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