Trafic d’amiante, dépôts sauvages, falsifications des tonnages traités… : sous réserve de leur confirmation, les faits dénoncés ce week-end à charge de l’ICDI (Intercommunale pour la Collecte et la Destruction des Immondices) sont d’une extrême gravité. Sans augurer de leur véracité et des suites judiciaires qui pourraient y être données, Inter-Environnement Wallonie voit dans ces dérives les conséquences de l’opacité dans laquelle travaille les intercommunales de traitement des déchets. La fédération des associations environnementales demande depuis longtemps des mesures permettant d’instaurer une totale transparence indispensable dans ce secteur stratégique.
Si le climat de scandale dans lequel elles surviennent leur donne un écho particulier, les dénonciations à charge de l’ICDI ne surprennent que modérément les observateurs attentifs à la question des déchets. Ce secteur aussi sensible que stratégique se retrouve en effet fréquemment au c½ur d’affaires plus ou moins graves mais toujours préoccupantes au regard de leur impact sur la santé et l’environnement. L’opacité dans laquelle opèrent les différents acteurs crée effectivement un contexte propice aux dysfonctionnements. Pour rappel, les intercommunales de déchets sont en charge de la gestion, du traitement et de l’élimination des déchets ménagers. Elles bénéficient de subsides de la Région wallonne pour leurs équipements (parcs à containers, décharges, incinérateurs, centres de broyage, unités de biométhanisation ou de compostage…). En marge de cette mission première, ces intercommunales peuvent également prendre en charge des déchets industriels qu’elles traitent alors contre payement. Force est de constater que, autant en ce qui concerne les déchets ménagers que les déchets industriels, les flux matériels et financiers liés à leur gestion sont très difficiles à visualiser. Il est ainsi quasiment impossible de savoir quels sont les circuits précis suivis par les déchets depuis leur collecte jusqu’à leur disposition finale… Et la logique déterminant ces circuits est toute aussi mystérieuse.
Exemple : quand l’intercommunale a le choix, certaines ordures ménagères se retrouvent tantôt en décharge, tantôt en incinérateur ; comment le choix entre les deux filières a-t-il été opéré ?
Pas de réponse : c’est du ressort de l’intercommunale et de sa logique commerciale (pas technique ? pas environnementale ?).
Cette opacité n’est pas tolérable, les impacts de cette gestion sur l’environnement et la santé relevant de l’intérêt général. Pour Inter-Environnement Wallonie, il importe de mettre un terme à cette situation et d’instaurer la transparence dans le fonctionnement du secteur. Cela passera nécessairement par la mise en oeuvre de procédures pour identifier et maîtriser de manière spécifique le flux des déchets industriels et celui des déchets ménagers. Cette connaissance quantitative et qualitative des déchets produits permettra de définir les filières de traitement les plus environnementalement correctes et d’assurer une gestion transparente de celles-ci. Quand les filières et les chiffres sont flous comme ils le sont aujourd’hui, on ne s’expose pas seulement à des dérives diverses, on se trouve également dans l’incapacité de mener une politique en adéquation avec les besoins réels. Le Gouvernement wallon qui procède actuellement à l’élaboration des budgets d’investissement du secteur pourrait ainsi mal évaluer les capacités des équipements de traitement et d’élimination et prendre des décisions inadaptées. La Région et chacun de ses citoyens en payeraient alors pendant de nombreuses années les conséquences environnementales, sanitaires et financières…
Contacts : Pierre Titeux, Attaché de presse : 081.255.284 – 0479.497.656
Véronique Paternostre, Chargée de mission Sols et Déchets : 081.255.256 – 0477.495.434