Il y a quelques semaines, l’Institut Culturel d’Architecture Wallonie-Bruxelles (ICA-WB) a publié son Architecture Wallonie-Bruxelles, Inventaire #4 Vers une démarche architecturale régénérative. Dans cet ouvrage, l’ICA-WB met en valeur une centaine de réalisations architecturales inspirantes ayant pris place en Wallonie et à Bruxelles entre 2020 et 2023.
Le livre s’ouvre sur un manifeste, Vers une démarche architecturale régénérative, « qui propose en 29 points de participer à l’écriture d’un nouveau récit qui vise la régénération de notre territoire et, par conséquent, de notre planète. »
Face au « spectre [qui] hante la planète : celui du dérèglement climatique et de ses implications sociales, économiques et écologique », les auteurs et autrices promeuvent de percevoir les contraintes environnementales comme « des opportunités pour accroitre la qualité de la vie et de l’espace dans les villes et les villages de Belgique. » De passer d’un aménagement à un ménagement du territoire grâce une approche architecturale et de développement urbain qui travaille « en priorité sur la régénération de l’existant. » Grâce aussi à une gouvernance territoriale renégociée : « le territoire se trouve confronté à des préoccupations environnementales, économiques, sociales et, désormais, géopolitiques. L’enjeu consiste à transformer ces intérêts apparemment contradictoires en intérêts partagés. » Et de jongler habilement avec le « paradoxe [de la] cohabitation entre des mesures globales qui s’imposent à l’ensemble du territoire et une approche fine et attentive aux particularités locales. »
Après le manifeste, s’ensuit un inventaire de projets, richement accompagné de photographies et des illustrations d’Aurélie William Levaux. De reconversion d’halles industrielles en intérieur d’îlot à la réhabilitation de bâtiment à forte connotation symbolique comme l’Université du travail de Charleroi au réaménagement d’un parc public, les projets égrainent leurs bonnes pratiques et prouvent qu’il est possible de faire autrement, de (re)penser le bâti avec créativité et réussite. L’urbanisme circulaire n’est pas qu’un concept vertueux, preuves wallonnes et bruxelloises à l’appui.
Enfin, les textes de Mathieu Berger et Nicolas Hemeleers, Pierre Chabard, Carla Frick-Cloupet, Pauline Lefebvre, Daniela Perrotti et Yasmina Choueiri, Ward Verbakel font écho au manifeste d’ouverture.
Cet ouvrage, dont je vous recommande la lecture, s’inscrit dans la lignée du dossier « Stop béton » de ma collègue Hélène Ancion, du manifeste de Philippe Madec, des essais respectifs de Sylvain Grisot et de Philippe Henry ou encore du chapitre « architecture VS réchauffement climatique » du mémorandum de l’Ordre des Architectes.
Chacun de ces textes apporte sa pierre à l’édifice d’un nouveau ménagement : ménagement du territoire, des sols, du bâti existant, des habitants et habitantes d’un lieu, des aménités, des écosystèmes, des ressources naturelles … D’une page à l’autre, la même ritournelle : celle de faire autrement, urgemment. Le vocabulaire change parfois : frugale, sobre, circulaire, régénérative, par les sols, etc., mais toutes ces propositions s’accordent sur la nécessité de revoir notre grammaire architecturale, territoriale et environnementale si nous voulons pouvoir continuer à conjuguer habiter au futur.
De quoi inspirer le gouvernement, les villes et communes en vue d’adopter un nouveau Schéma de Développement Territorial ambitieux pour la Wallonie ?
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