La guerre en Ukraine, l’augmentation drastique de nos factures énergétiques et la crise environnementale (climat, biodiversité) exigent qu’un objectif ambitieux à long terme soit fixé : diminuer notre dépendance aux énergies fossiles… D’où l’urgence d’un plan d’investissement massif pour réduire nos consommations d’énergies dans tous les secteurs et d’une transition énergétique rapide vers un système reposant sur le renouvelable. Des réformes structurelles doivent accompagner ces investissements, notamment dans les domaines de la fiscalité et de l’aménagement du territoire. Les ONGs environnementales souhaitent ardemment que le paquet de décisions annoncé pour vendredi au fédéral nous inscrive de plain pied dans une transition énergétique renouvelable de long terme.
Les crises sociale et environnementale impliquent de réduire les consommations
Aider les Belges à faire face à l’augmentation des prix de l’énergie est une priorité absolue pour les ONGs environnementales. Mais, le paquet énergie voté mardi n’est ni efficace socialement ni souhaitable environnementalement. Pour Arnaud Collignon, expert énergie chez IEW, « les autorités peinent à sortir du court terme et optent pour des mesures mal ciblées qui pèsent lourdement sur les finances publiques sans aider les populations qui en ont besoin. Les réductions d’accises votées mardi sont un bel exemple, en offrant un cadeau fiscal plus important aux véhicules qui consomment le plus, c’est-à-dire lourds, volumineux et puissants et appartenant aux plus riches d’entre nous. »
Carine Thibaut, porte-parole de Greenpeace précise : « La crise environnementale et la crise sociale appellent une même action concertée. La base de la transition énergétique juste, c’est la maîtrise de nos consommations d’énergie, ce qui ne se fera pas tout seul. »
« Prenons l’exemple de notre trop forte dépendance à la voiture », poursuit-elle. « S’il ne faut pas punir les gens qui dépendent de leur voiture pour le travail ou parce qu’ils habitent loin, rien n’empêche de mettre les choses en perspective et de voir à plus long terme. Les autorités fédérales et régionales doivent se coordonner. Elles disposent de plusieurs leviers clés pour accompagner les citoyens vers un changement nécessaire. Cela va de la suppression des cartes carburants aux politiques régionales visant à limiter l’étalement urbain. »
Ramener la rationalité dans le débat nucléaire
Pour produire l’énergie qui restera nécessaire, tous les scénarios crédibles – comme ceux de l’Agence internationale de l’énergie – mettent les renouvelables au centre du système énergétique du futur. C’est l’option la plus sûre, la plus fiable et la plus durable. Mathieu Soete, expert énergie de Greenpeace, souligne : « Sur le nucléaire, on a assisté à une simplification surréaliste du débat ces dernières semaines. L’irrationnel occupe tout le terrain. Les tares du nucléaire, à savoir le risque d’accident grave et la gestion des déchets, ne sont pas prêtes à disparaître, et les coûts risquent d’encore gonfler. »
Nous espérons donc que la décision de vendredi lancera un plan d’investissement ambitieux et pointera une liste de réformes structurelles vers une transition énergétique juste centrée sur la réduction des consommations d’énergies et les renouvelables… Ce qui exige des décideurs politiques qu’ils lèvent la tête du guidon.