« Agriculture, Alimentation et Elevage » constituait un des 3 ateliers spécifiques à côté des 3 ateliers transversaux – au très réussi 1er Congrès Interdisciplinaire du Développement Durable qui s’est tenu ces 31 janvier et 1er février 2013 à Namur. Ce Congrès intitulé « Quelle transition pour nos sociétés ? » a notamment voulu se référer à des expériences positives afin de tracer des pistes d’avenir. Mentionnons que le thème « agriculture et l’alimentation » a eu une place conséquente dans ce Congrès, signe qu’il offre des perspectives prometteuses pour construire la transition.
L’agroécologie, pratique promue notamment par Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation y a été au centre des débats. Ce belge passionné et passionnant a frappé fort en publiant en mars 2011 un rapport sur l’agroécologie dont le communiqué de presse titrait « L’agroécologie peut doubler la production alimentaire en 10 ans ».
« En tant qu’outil pour améliorer la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires, l’agroécologie est aujourd’hui appuyée par un éventail de plus en plus large d’experts de la communauté scientifique ainsi que par des organisations et organismes internationaux comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et Biodiversity International. Elle gagne par ailleurs du terrain dans des pays aussi différents que les États-Unis, le Brésil, l’Allemagne et la France (Voir ici) ».
Brièvement dit, l’Agroécologie est à la fois discipline scientifique, un ensemble de pratiques agricoles et mouvement social (Wezel et al. 2009).
Le Congrès a mis en avant le Groupe Interdisciplinaire de Recherche en Agroécologie du FNRS, le groupe Giraf. Formé en 2009, ce groupe rassemble un panel varié de chercheurs de différentes universités et centres de recherche belges. Leur positionnement, leurs recherches et leurs expérimentations nous offrent des pistes concrètes pour la Wallonie notamment pour faire sauter certains verrous et arriver à des changements de visions et de comportements façonnés depuis plus de 50 ans.
Pour répondre aux nombreux défis notamment alimentaires, sociaux (en termes d’accès à l’alimentation, d’emplois) environnementaux et de santé, l’agriculture conventionnelle n’offre pas une réponse convaincante. Si l’agroécologie ne prétend pas avoir toutes les réponses aujourd’hui, les résultats présentés dans le rapport d’Olivier De Schutter sont prometteurs entre autres dans les pays asiatiques, africains et latino-américains. Marie-Dominique Robin, dans sa récente enquête « Les moissons du futur », met en images certaines expériences agroécologiques de part le monde[[Ce documentaire visible aujourd’hui sur le net est réalisé par l’auteur de deux films de référence : « Le monde selon Monsanto » et «Notre poison quotidien »]]. Qu’attendons nous pour investir dans la recherche, les méthodes agricoles, la diffusion des connaissances et dans une meilleure organisation des structures qui répondent à l’approche de« système alimentaire ». Nous avons besoin de politiques publiques ambitieuses. Pour avancer dans la transition, nous avons besoin de favoriser les alternatives, de diversité de solutions chacune adaptée à son territoire.
Sunita Narain, directrice du Centre pour la science et l’environnement à New Delhi, nous a offert en ouverture de ce Congrès un discours éclairant et enthousiasmant[voir [www.congrestransitiondurable.org, les vidéo-conférences seront bientôt disponibles sur le site]] . Sans faire référence explicitement à l’agriculture,elle nous a rappelé que ce qui nous semble non-conventionnel chez nous est souvent traditionnel chez elle, en Inde. En agriculture, c’est une chance que des sociétés aient déjà testé des pratiques agroécologiques parfois depuis plus de 40 ans. Nous pouvons nous en inspirer tout en les adaptant à nos réalités. Ces pratiques innovantes, loin d’être, comme leurs détracteurs conservateurs le prétendent, un recul, constituent au contraire des avancées déterminantes qui sont déjà implémentées dans les pays du Sud. Ils ont tracé des pistes de solutions qui ont fait leurs preuves. Ayons l’humilité de le reconnaître et de développer une coopération Sud/Nord…