Le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, a présenté ce mercredi le projet de « paquet – énergie – climat 2030 » qui doit orienter la politique des pays de l’Union en matière de réductions des émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables.
Inter-Environnement Wallonie et le WWF déplorent amèrement le manque d’ambition des propositions contenues dans ce « livre blanc ». Alors qu’elle s’était jusqu’ici affirmée à la pointe de la lutte contre les changement climatiques, l’Europe se fixe cette fois des objectifs déconnectés de l’enjeu. Ce faisant, elle compromet un peu plus encore les chances de réduire les émissions mondiales de 95% à l’horizon 2050, un impératif pour maintenir le réchauffement global sous les 2°C d’ici la fin du siècle.
L’objectif proposé de 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport au niveau de 1990 est largement en-deça de ce que l’on pouvait attendre sachant que les projections de la Commission montrent que nous atteindrions déjà 32% à politique inchangée. Il est aussi et surtout incompatible avec l’obligation d’avoir réduit ces émissions de 95% d’ici 2050.
De même, l’objectif d’une part d’énergies renouvelables de 27% en 2030 est à peine supérieur aux 24 % attendus avec un « busines as usual ». Pire : cet objectif ne serait plus réparti entre les Etats membres et deviendrait non contraignant au niveau de ceux-ci, ce qui minerait la sécurité dont les investisseurs ont besoin dans ce secteur clé de la transition énergétique.
Dernier élément mais pas le moindre : le projet de la Commission ne fixe aucun objectif en matière d’efficacité énergétique alors que celle-ci constitue un levier essentiel de toute politique « Energie/Climat ».
Pour Jan Vandermosten du WWF, « l’Europe fait un pas en retrait d’autant plus incompréhensible que le premier « paquet – énergie – climat » a démontré l’efficacité d’objectifs contraignants. Ce faisant, elle se prive également de multiples retombées positives en termes de création d’emplois, de balance commerciale ou de qualité de l’air ». Les analyses de la Commission montrent ainsi que des objectifs plus ambitieux pourraient créer 500.000 emplois supplémentaires et sauver l’équivalent de 9 millions d’années de vie au sein de l’Union en diminuant la pollution de l’air.
IEW et le WWF voient dans la faiblesse de ce projet la victoire du lobby industriel. « Responsable de moins de 1/5ème des émissions totales de gaz à effet de serre, l’industrie – hors producteurs d’énergie – pèse de manière disproportionnée sur la définition de la politique et freine les réductions pour des autres 4/5èmes dont le secteur des bâtiments, des transports ou de le production d’énergie » constate Cécile de Schoutheete d’IEW.
La balle est maintenant dans le camp des Etats membres. Les associations environnementales appellent la Belgique à tout faire pour injecter dans ce cadre 2030 l’indispensable ambition que la lutte climatique exige et qui devraient, selon elles, être de 55% de réductions des émissiosn de gaz à effet de serre, une part de 45% d’énergies renouvelables et 40% d’économie d’énergie.