Alors qu’elle était occupée à négocier à Cancun des objectifs ambitieux en matière de lutte contre les changements climatiques, l’Europe décidait de
prolonger les subsides au charbon, source d’énergie particulièrement polluante. Elle cédait ainsi au lobby de certains États membres, l’Allemagne en tête. Le Bureau Européen de l’Environnement regrette amèrement cette prise de position contraire aux enjeux environnementaux mais aussi économiques.
Par voie de communiqué de presse, le Bureau Européen de l’Environnement (BEE), fédération représentant plus de 140 organisations environnementales, et le Green Budget Germany ont manifesté leur insatisfaction quant à la décision de la Commission européenne de mettre un terme aux subsides sur le charbon en 2018 seulement, et non en 2014 comme initialement annoncé. Cette décision a formellement été approuvée à l’issue d’une réunion du Conseil de la concurrence.
Le travail de lobby de certains États membres, à l’instar de l’Allemagne (dont l’électricité est produite à concurrence de 40 % environ à partir de charbon) et d’autres pays européens miniers a donc été particulièrement efficace. Rappelons que pas moins de 3 milliards d’euros ont été octroyés pour les seules Allemagne et Espagne en 2010. Leurs intérêts économiques et énergétiques passent indiscutablement avant toutes considérations environnementales et de santé publique.
Selon John Hontelez, secrétaire général du BEE, cette décision ne tient nullement compte des objectifs européens en matière de climat, d’énergie et de durabilité. Il ne manque pas de souligner une certaine ambiguïté, voire hypocrisie, dans le chef de l’Europe : d’un côté, des décisions sont prises à Cancun en vue de réduire les émissions de CO2 de l’Europe, de l’autre, des options fondamentalement opposés sont financées ! Et d’ajouter qu’il serait plus utile d’allouer cet argent à des technologies d’énergie durable qui aident à créer et à maintenir une force de travail locale.
Le BEE lutte depuis toujours pour l’abolition des subventions européennes dommageables à l’environnement.