Les ministres européens de l’environnement se sont réunis ce jeudi 14 octobre à Luxembourg en vue d’arrêter les positions que l’Union défendra lors des prochains sommets mondiaux sur la biodiversité (Nagoya) et le climat (Cancun).
Si la position adoptée en matière de lutte contre la perte de diversité biologique
apparaît satisfaisante, il en va tout autrement pour ce qui est de l’enjeu
climatique. En effet, en dépit de nombreux éléments plaidant en ce sens, les 27 n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une révision à la hausse de leurs
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020.
Pour les organisations environnementales (Fédération Inter-Environnement Wallonie, Inter-Environnement Bruxelles, Bond Beter Leefmilieu, Brusselse Raad voor het Leefmilieu, Greenpeace, WWF, Natagora et Natuurpunt), l’Union a manqué une occasion de poser un geste fort dans la lutte contre les changements climatiques et de prendre une place à l’avant-garde de la révolution verte qui s’annonce.
Placé sous la présidence de la ministre flamande Joke Schauvliege, ce Conseil
européen devait définir la position défendue par l’Union lors des Sommets des
Nations Unies sur la biodiversité qui se tiendra à Nagoya du 18 au 29 octobre et sur les changements climatiques qui aura lieu à Cancun du 29 novembre au 10 décembre.
Climat: une Europe divisée tire les engagements vers le bas
Un des principaux points en débat en vue du Sommet de Cancun était l’engagement unilatéral des 27 de hausser leur objectif de réduction des émissions de CO2 d’ici 2020 de 20% à 30%. Le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et le Danemark s’étaient ouvertement prononcés en ce sens. Dans une communication sortie cette année, la Commission considérait quant à elle que l’Europe ne pourrait que tirer profit d’une révision à la hausse de ses engagements. Et les plus faibles niveaux d’émissions consécutifs à la crise économique rendent cet objectif plus ambitieux non seulement réalisable
mais aussi rentable. D’autant plus que cette position de pointe permettrait à
l’Union de prendre la tête d’une « révolution verte » riche en opportunités. L’analyse était toutefois loin de faire l’unanimité au sein des pays membres.
La Présidence belge a rédigé un Presidency Paper en vue de clarifier la question, une iniative louable qui malheureusement n’a pas pu être concrétisée. En effet, la Belgique n’a pas réussi à intégrer dans les conclusions du Conseil l’appel à un objectif plus ambitieux lancé par les plus importants Etats membres…
Pour Cécile de Schoutheete, chargée de mission Energie-Climat au sein de la
Fédération Inter-Environnment Wallonie, c’est indiscutablement une occasion manquée: «L’Union européenne peut difficilement attendre d’autres pays qu’ils haussent le niveau d’ambition de leur politique climatique si elle-même s’en tient à des objectifs insuffisants. Si l’Europe veut contribuer équitablement à la lutte contre les changements climatiques, elle doit monter ses objectifs de réduction à 40%! D’ailleurs, un objectif revu à la hausse pour 2020 est indispensable si les Européens désirent atteindre la réduction de 80 à 95% fixée pour 2050.»
Cécile de Schoutheete voit dans les conclusions de ce Conseil européen «l’illustration de la difficulté de rassembler autour d’une politique climatique
ambitieuse une Europe très divisée. Nous devons espérer que la Présidence belge saura faire entendre à Cancun les voix les plus progressistes et les plus fermes de cette Europe…»
Biodiversité: les intentions sont bonnes, reste à trouver les moyens
Les négociations sur la biodiversité qui se tiendront à Nagoya dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CBD) seront cruciales pour la survie de notre planète. Les gouvernements devront prendre des engagements en vue de protéger la biodiversité et les bénéfices qu’elle génère pour l’Homme, la société et l’économie. Les milieux et espèces naturels sous-tendent en effet l’économie globale et sont vitaux pour les milliards de personnes dont la subsistance dépend des forêts, de la pêche et des ressources aquatiques.
L’enjeu qui sera au centre des débats à Nagoya est connu: les pays développés
veulent un plan stratégique ambitieux pour stopper l’érosion de la biodiversité
d’ici 2020 mais – ce sera un des sujets clés à l’agenda de la CBD – celui ne pourra être conclu que si, dans le même temps, le protocole ABS[[L’accès et le partage honnête et équitable des bénéfices qui découleront de
l’utilisation des richesses génétiques.]] est adopté et si des engagements clairs sont pris concernant le financement de la mise en oeuvre de ce plan stratégique.
Les conclusions du Conseil attestent que l’Union européenne s’engagera en vue d’une issue positive à Nagoya. Les ministres de l’environnement reconnaissent qu’un accord ambitieux ne pourra pas être conclu sans le soutien financier nécessaire à son exécution. L’Europe, qui reconnait l’impact négatif sur la biodiversité (partout dans le monde) de ses modes de production et s’engage par ailleurs en faveur de l’intégration de la biodiversité dans diverses politiques sectorielles, comme l’agriculture, la pêche, la politique énergétique, le tourisme, le commerce et l’aide au développement.
Le mouvement environnemental salue cette position mais estime néanmoins que des engagements plus concrets auraient pu être matérialisés, notamment en matière de financement.
10 revendications vertes : l’évaluation de la présidence belge par les ONG
d’environnement
Les organisations belges de défense de l’environnement assurent le suivi de la
présidence belge sur le site 10revendicationsvertes.be. Vous y trouverez les évaluations du travail de la présidence belge sur les questions relatives au climat et à la biodiversité mais également les OGM, la politique de production d’énergie
renouvelable ou encore l’abattage illégal de bois.