L’interdiction par le Ministre Antoine du détour par Liège/Bierset de la liaison aérienne reliant Charleroi à Casablanca est l’expression d’un bon sens que l’on ne peut que saluer. La volonté du Ministre d’interpeller la Commission européenne sur les « sauts de puce » aéronautiques constitue quant à elle une démarche politique dont on doit se féliciter. Inter-Environnement Wallonie, fédération regroupant plus de 140 associations environnementales, applaudit et soutient donc ces deux décisions dans laquelle elle veut voir une réappropriation par le politique de son rôle de garant de l’intérêt public. IEW espère que cet épisode caricatural des dérives induites par le développement du transport aérien low cost servira de déclic à une réflexion plus large. Il importe en effet de réévaluer les choix opérés en jaugeant désormais les enjeux à l’aulne d’une balance où les plateaux « intérêt économique (à court terme…)» et « nuisances environnementales (et enjeux sociaux) » seront en équilibre.
On a déjà exposé et commenté abondamment l’aberration environnementale que constituait le détour par Liège du vol reliant Charleroi à Casablanca. Evoquant « l’intérêt général blessé », « une question de cohérence et de crédibilité », le Ministre wallon en charge du Transport a logiquement interdit ce « saut de puce ». Inter-Environnement Wallonie tient à saluer comme il convient cette décision … courageuse.
Décision courageuse car elle constitue un premier coin enfoncé dans la sacro-sainte primauté de l’intérêt économique sur toute autre considération, a fortiori environnementale. La réaction courroucée de José Happart (coiffé pour l’occasion d’une casquette de Président de la Société d’exploitation de Bierset…) atteste que la décision était moins évidente qu’il n’y paraît. Et c’est d’autant plus vrai que la dite décision ébrèche une politique aéroportuaire dont le gouvernement wallon faisait jusqu’ici un des socles sacrés de sa politique économique.
En se positionnant clairement sur ce dossier, André Antoine a replacé l’autorité publique à sa juste place : celle de garante de la primauté de l’intérêt public et collectif sur les intérêts privés et individuels. Ce rôle central mais quelque peu oublié du pouvoir public est appelé à devenir de plus en plus primordial dans l’avenir où des arbitrages majeurs devront être portés afin d’éviter à la planète de s’enfoncer davantage dans une impasse environnementale mais aussi économique et sociale.
En portant le débat sur les « sauts de puce » aériens devant la Commission européenne, le Ministre témoigne d’une volonté de sortir d’un épiphénomène pour traiter une problématique beaucoup plus large. Là, encore, on ne peut que se féliciter d’une démarche hautement responsable.
Il reste désormais à espérer que les diverses autorités compétentes sauront poursuivre jusqu’au bout la réflexion engagée et tirer toutes les conclusions qui s’imposent.
Il importe ainsi de définir quand une puce devient un avion, autrement dit, pour reprendre l’expression en vogue, quand le « saut de puce » dénoncé par le Ministre devient une liaison aérienne utile et pertinente. A partir de quand considèrera-t-on que les nuisances environnementales ne sont plus disproportionnées ?
En 1997 déjà, les 4 fédérations d’environnement belges demandaient que des mesures soient prises pour que, sur les distances de moins de 800 km, le citoyen soit encouragé à utiliser les modes de transports alternatifs à l’avion, de préférence le train. Force est de constater que le soutien (para)public aux compagnies low cost se faisant une spécialité des vols courtes et moyennes distances va à l’opposé de la politique souhaitable…
Si un arrêt à Liège sur la route entre Charleroi et Casablanca constitue un exemple tellement caricatural qu’il prête à rire et fait la (quasi) unanimité contre lui, les liaisons Bruxelles-Londres ou Bruxelles-Amsterdam n’apparaissent pas plus acceptables. De même, offrir à chacun l’occasion de faire un saut à Dublin, Londres, Copenhague, Carcassonne ou Venise pour moins de 25 Euros paraît difficilement acceptable en terme de nuisances environnementales… Et l’on évoque même pas ici le règne du just in time qui a généré une véritable explosion du transport marchandises sans d’autre justification que de réduire les frais de stockage. Là encore, le politique a un rôle à jouer pour réguler une pratique peu conciliable avec l’intérêt général…
Inter-Environnement Wallonie espère donc que le geste fort posé par le Ministre Antoine ne restera pas sans lendemain mais marquera au contraire le début d’une redéfinition de la place du transport aérien dans nos modèles économiques et sociétaux.
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