Ce mercredi 26 octobre, la Commission Européenne a dévoilé sa proposition de révision de la Directive sur la Qualité de l’Air. Si elle va dans la bonne direction, cette proposition est nettement insuffisante et reste en deçà des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La santé des citoyen·e·s européen·ne·s mérite toute l’attention de nos responsables politiques qui peuvent encore demander un alignement sur les recommandations OMS.
Le consensus scientifique est sans appel : il n’existe pas de niveaux de pollution atmosphérique sans danger. Aussi, en septembre 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé publiait ses nouvelles lignes directrices relatives à la qualité de l’air qui descendaient les valeurs seuils pour la plupart des polluants atmosphériques. L’Agence mondiale les a divisées par 4 pour le NO2 (passant de 40 µg/m³ à 10 µg/m³) et par 2 pour les PM2.5 (de 10 µg/m³ à 5 µg/m³).
Dans la foulée, et parce que la pollution de l’air est responsable de plus de 300.000 décès prématurés en Europe (11.000 en Belgique) et représente un poids considérable sur notre système de soins de santé, les professionnels de la santé, du milieu académique, médical, de l’environnement, … réclamaient que la Commission Européenne aligne complètement ses normes sur celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce mercredi 26 octobre, la Commission Européenne a publié sa proposition de révision de la Directive sur la Qualité de l’Air. On peut dire que la proposition a de quoi décevoir.
Même si les valeurs seuils proposées sont nettement plus basses que les précédentes, elles sont encore loin – pour la plupart – des valeurs préconisées par l’OMS.
- Pour les particules fines (PM2.5), les plus dangereuses car elles pénètrent profondément dans l’organisme, elles équivalent aux recommandations de l’OMS de 2005, et sont donc 2 fois supérieurs à celles recommandées aujourd’hui.
- Pour le dioxyde d’azote (NO2) – autre polluant particulièrement problématique en milieu urbain – les valeurs seuils sont également 2 fois supérieures à celles de l’OMS.
Quand on sait qu’une faible augmentation de la pollution peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé, ce « gap » est préoccupant. En effet, la fédération des mutualités libres a prouvé récemment qu’une augmentation de 0.5 microgrammes de la concentration de NO2 augmente le risque d’entrée en incapacité de travail de 4,2% et le nombre de visites chez le généraliste de plus de 3%.
Cependant, tout n’est pas noir. En effet, cette proposition propose une trajectoire pour atteindre l’objectif « zéro pollution » et l’alignement complet avec les recommandations de l’OMS pour… 2050. Et ces mesures et valeurs seuils seront révisées tous les 5 ans.
Dans les mois qui viennent, le Parlement européen et le Conseil de l’UE vont débattre de cette proposition de nouvelle Directive. Nous demandons donc à tous les responsables politiques belges concernés par cette matière délicate, dont nos ministres de l’environnement, de prendre une position forte et ambitieuse et d’améliorer la proposition de la CE dans le but de protéger les citoyens.
Contact presse : Pauline Dessard, chargée de mission Santé-Environnement, 0493 67 38 02