De quelle manière la production et la gestion de déchets participent-elles au réchauffement climatique ? Quels gaz sont émis ? En quelles quantités ? A quels niveaux du cycle de vie du produit ? Comment le secteur pourrait-il participer à l’effort de réduction de ses émissions ? Comment aider le citoyen à participer à cet effort ? Quelles sont les attentes des pouvoirs publics relatives à ce secteur ? Les déchets, une source d’énergie renouvelable ?
Ces questions feront à n’en point douter l’actualité en 2010, que ce soit lors de la transposition de la Directive-cadre sur les déchets, l’adoption du nouveau Plan wallon des déchets ou la réflexion sur les enjeux énergétiques de la filière. Et, à n’en point douter non plus, les débats seront chauds. Le lobbying a d’ailleurs déjà commencé : les secteurs préparent leurs armes (secteurs de la production, de la distribution, de la gestion des déchets, de la production d’énergie…) et les cabinets et leurs administrations réfléchissent aux enjeux à porter, aux études à mener, aux projets à mettre sur la table. Les associations ne sont pas en reste…
Le meilleur déchet ?
L’adage « le meilleur déchet est celui qui n’existe pas » reste-t-il d’actualité ou, comme le proclament certains secteurs industriels, « le meilleur déchet est celui qui rapporte et qui produit de l’énergie » ?
Pour notre Fédération, la réponse est claire : un déchet est avant tout un produit qui a été consommé et qui fait donc partie d’un cycle pouvant être remis en question. La prévention et l’usage rationnel des ressources doivent être une priorité.
Comme le rappelle France Nature Environnement, il est nécessaire de prendre en compte le changement climatique pour établir les priorités pour la gestion des déchets mais cela doit être un critère parmi d’autres, rien de plus. Les outils pour mesurer ces effets sont à affiner, il faut éviter à tout prix les interprétations trop simplificatrices… En particulier, il ne faut pas oublier le coût environnemental intrinsèque d’un déchet car le traiter comme ressource peut mener à des dérives et entraver la prévention et la réduction à la source.
Toutes ces questions méritent débats et réflexions qu’IEW va organiser incessamment. Peu d’études existent en effet en la matière.
Une brochure utile
Le Réseau Action Climat – France vient de publier une petite brochure qui a le mérite de bien vulgariser le sujet et, par là, d’en permettre l’appropriation par un large public. Elle rappelle le contenu type d’une poubelle ménagère et ce que chaque type de fraction (plastiques, métaux, verres, papiers…) représente en matière de GES (gaz à effets de serre). Un schéma général identifie à quels moments du cycle de vie d’un produit-déchet ces émissions sont produites.
Les biodéchets, quelle valorisation ?
Ce sont les biodéchets qui focalisent le mieux les enjeux environnementaux et énergétiques. Ils représentent une masse importante de nos ordures et tant au niveau ménager qu’industriel, leurs quantités augmentent. L’Europe l’a bien perçu en proposant son livre vert « biowaste » soumis à la consultation début 2009 (voir la niews « quand le déchet se fait bio »).
Dans sa réponse à cette consultation[ [Statement of the flemish compostorganisation (VLACO vzw) on the green paper on the management of biowaste in the European Union ]], la Région flamande présente sa politique en matière de déchets organiques. Parmi les éléments intéressants, un tableau permet de comparer les émissions de CO2 évitées en choisissant de composter et/ou biométhaniser ses déchets verts et organiques plutôt que de les incinérer.
Les chiffres sont éloquents: la Flandre estime avoir économisé près de 500.000 tonnes de CO2 en n’incinérant pas ses déchets verts et organiques mais en les compostant, les biométhanisant et en utilisant le compost produit en lieu et place d’autres amendements (fertilisants chimiques, tourbe dont la fabrication et l’extraction émettent des gaz à effets de serre) !
Il y a donc bien un calcul à faire entre l’intérêt de maintenir au sol le carbone plutôt que de le libérer dans l’atmosphère après combustion. Le GIEC a clairement identifié les sols comme puits potentiels pour le carbone. Et cela d’autant que nos sols manquent de carbone. La Commission européenne a calculé qu’une augmentation de 0,15% du taux de matière organique des sols agricoles d’un pays comme l’Italie stockerait une quantité de carbone équivalente à ses émissions « fossiles » sur une année.
Les questions sont nombreuses et les réponses le seront probablement autant. Le débat est ouvert et la Fédération compte le développer de façon transversale et pluridisciplinaire. Répondez nombreux à nos sollicitations 2010!
Extrait de nIEWs (n°68),
la Lettre d’information de la Fédération.
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