Le dossier de l’urbanisation potentielle de la plaine d’Anton, à Andenne a déjà fait couler beaucoup d’encre. Et c’est loin d’être fini. Quand il touchera à sa fin, s’il y en a une, on pourra écrire une saga en plusieurs tomes. Petit retour en arrière…
Ce texte est paru dans la newsletter de Occupons le Terrain (OLT). Vous trouverez, en parallèle, une présentation du dossier par Hélène Ancion, chargée de mission aménagement du territoire, ici.
Tout a commencé par une présentation au conseil communal de mars 2023… La présentation du Schéma d’Orientation Local (SOL) de la plaine d’Anton par le Bureau Économique de la Province (BEP).
Quelques riverains, inquiets des impacts d’un tel projet – l’urbanisation d’une superficie égale à celle du centre existant d’Andenne avec de nombreux bâtiments publics et un nombre de logements qui pourrait monter jusqu’à 900 ! – se réunissent, en juin 2023, pour en parler. Tous sont d’accord sur un point : il faut préserver ce coin de nature, ce poumon vert partagé par tant d’usagers et d’animaux ! Le collectif « Touche pas à Ma campagne » (TPMC) est constitué, « Ma campagne » étant le nom familier sous lequel, depuis des générations, les Andennais appellent la plaine d’Anton.
Rapidement, le collectif fait appel à plusieurs organisations, dont Occupons Le Terrain, Ramur et le comité de Défense d’Andenne, pour les aider. En novembre 2023, TPMC se structure en ASBL afin d’acquérir la personnalité juridique lui permettant notamment d’engager des actions. La plupart des citoyens ne sont pas informés de ce projet. La concertation citoyenne semble impossible. La première priorité de l’ASBL est donc d’informer au mieux les citoyens et une première réunion d’information prend place le 9 février 2024. L’autre priorité fixée est de préparer la réponse à l’enquête publique qui approche.
Le 15 avril 2024, au vu de l’ampleur du dossier et du peu d’écoute reçu (pour ne pas dire autre chose) de la part de la majorité communale en place, le collectif décide de porter le projet à un niveau de pouvoir supérieur. Pour cela, il lance une pétition sur le site internet du Parlement de Wallonie. Si un minimum de 1.000 signatures est récolté, le collectif sera automatiquement auditionné par la Commission dédiée du Parlement. En quelques semaines, ce quota sera largement dépassé.
Mais pas le temps de souffler. En mai 2024, l’enquête publique pour le projet du SOL d’Anton est lancée. Grâce aux efforts sans relâche du collectif, là aussi, plusieurs centaines de lettres de contestation affluent. Malgré cela, l’Autorité communale continue à dénigrer le collectif, les qualifiant – au mieux ! – de « quelques riverains égoïstes peu soucieux du bien commun et des besoins des Andennais.es ». L’écoute des citoyens et la prise en compte de leurs préoccupations sur ce dossier relèvent donc bel et bien du mirage à Andenne. S’ensuivent d’ailleurs plusieurs Conseils communaux plus que houleux, des interpellations citoyennes refusées pour des motifs futiles, des propos calomnieux dans la presse envers le collectif et des conseillers de l’opposition communale, des droits de réponse, … En bref, un climat très malsain rarement atteint en Wallonie.
Le 1er août 2024, TPMC décide de clôturer la pétition sur un total de 2.200 signatures récoltées. Une audition au Parlement Wallon aura donc bien lieu. Reste à savoir « quand ? ».
En septembre 2024, la campagne pour les élections communales débute dans un climat délétère. Le projet d’Anton est au centre de tous les débats et de toutes les crispations. Les médias, friands d’informations croustillantes ou conflictuelles, se jettent comme un aigle sur sa proie sur le « conflit andennais basé sur l’urbanisation de la plaine d’Anton ». Les articles et reportages se multiplient dans les journaux, sur les chaînes de télévision régionales et nationales, sur les réseaux sociaux. Et cela va en s’amplifiant de semaine en semaine.
Le 1er octobre 2024, le dossier prendra enfin « un peu de hauteur ». En effet, c’est à cette date qu’est fixée l’audition du collectif par la Commission de l’Economie, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture auprès du Parlement de Wallonie. Si le Parlement en lui-même n’a pas le pouvoir de décision, les parlementaires écouteront d’une oreille attentive le collectif et lui soumettront les questions nécessaires à l’approfondissement du dossier. Par la suite, la Commission rédigera un rapport et des recommandations à l’attention du Gouvernement et du Ministre concerné pour sa prise de décision.
Le réseau Occupons Le Terrain, qui a également été attaqué frontalement dans ce dossier, suivra attentivement cette audition par le lien vidéo qui sera mis en ligne sur le site internet du Parlement. Nous souhaitons déjà force et courage, et surtout beaucoup de succès, au collectif « Touche Pas à Ma Campagne ».
Crédit image d’illustration : Adobe Stock
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