Une carte blanche parue dans le journal Knack, traduction Jean Mansuy
Le rail deviendra-t-il l’épine dorsale de la mobilité durable belge ? La Vision Rail 2040 et les nouveaux contrats de gestion avec la société ferroviaire SNCB et le gestionnaire de réseau ferroviaire Infrabel promettent une revitalisation radicale du transport ferroviaire. Vendredi dernier, le plan sur le transport de marchandises par rail a également reçu le feu vert du gouvernement, après l’insistance des syndicats, des organisations patronales et des autorités portuaires. D’ici 2030, le transport de marchandises par rail devrait doubler.
Ces nouvelles visions, promettant une offre croissante et une meilleure accessibilité, sont un soulagement après des années de démantèlement et de négligence pour le train et ses usagers. Les investissements fermes dans l’entretien du réseau donnent la perspective que les tunnels en ruine, les caténaires très anciennes et les rails usés deviendront une erreur du passé. En raison d’années de désinvestissement et d’une pénurie criante de personnel, plus de 22 000 trajets en train – 1 sur 30 – ont été annulés au cours d’une année 2022 record, et encore plus de trains ont été retardés.
Les visions ferroviaires ambitieuses sont donc un changement nécessaire dans le contexte de la crise sociale, énergétique et climatique actuelle. En plus de nos embouteillages légendaires et d’une qualité de l’air nocive, les prix actuels de l’énergie et des carburants montrent à quel point la Belgique doit devenir indépendante des combustibles fossiles. L’augmentation du transport ferroviaire de marchandises et de passagers est un moyen évident d’évoluer vers une plus grande indépendance énergétique. En outre, les revenus les plus faibles dépendent souvent des transports en commun.
Faire des plans est une chose. Il est maintenant nécessaire de les financer. La SNCB et Infrabel auraient besoin de 3,4 milliards d’euros supplémentaires au cours des dix prochaines années. Le gouvernement fédéral devra préciser lors des négociations budgétaires de cette fin de semaine s’il fournira à ses plans les ressources nécessaires.
L’explosion des prix de l’électricité et la hausse des coûts salariaux pèsent sur le budget de la SNCB. Sa PDG, Sophie Dutordoir, veut, en complément des mesures d’économies d’énergie, augmenter le prix des billets de train d’environ 10% à partir de février. Le ministre Gilkinet, quant à lui, préconise l’exonération de la TVA, une mesure qui coûterait environ 100 millions d’euros. En avril, la SNCB a déjà reçu 82 millions d’euros de fonds fédéraux supplémentaires pour compenser la hausse des coûts énergétiques et de personnel.
Les budgets d’investissement nécessaires ne sont pas une mince affaire. Il est cependant nécessaire de les mettre en perspective. Les avantages fiscaux des voitures-salaires, des cartes de carburant, des réductions d’accises et du diesel professionnel nous coûtent pas moins de 4 milliards d’euros par an. Les montants pour les projets autoroutiers sont un multiple de cela. Selon la FEB, les embouteillages ont coûté environ 4,5 milliards d’euros rien qu’en 2021 en raison de pertes de temps et de carburant, ainsi que d’impacts négatifs sur la santé.
A l’inverse, les investissements dans le rail ont un effet de levier positif sur l’ensemble de l’économie belge. Chaque euro investi dans le rail en génère trois sous forme d’emplois directs et indirects. Les gains pour la santé publique découlant de la baisse de la pollution atmosphérique et sonore et de la libération d’espaces ouverts sont inestimables.
Si le gouvernement De Croo fait les bons choix, le rail en Belgique aura également un bel avenir après 2040.
Signataires :
Jolan Rijmenans – Bond Beter Leefmilieu, Joeri Thijs – Greenpeace, Miguel Vertriest – Netwerk Duurzame Mobiliteit, Kees Smilde – TreinTramBus, Sylvie Meekers – Canopea, Els Van den broeck – Mobiel21, Heidi Degerickx – Vlaams Netwerk tegen Armoede, Vanya Verschoore – Reset.Vlaanderen, Peter Wouters – Beweging.net, Gery Baele – Navetteurs.be, Kees Smilde – Integrato, Jean-Philippe Ducart – Test-Achat, Michaël Jacquemin – Les Amis du Rail Halanzy, Hugo Van Dienderen – Grootouders voor het Klimaat, Alexander Gomme – Back on Track Belgium
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