Le coût énergétique de l’immédiateté !

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Un smartphone consomme plus qu’un réfrigérateur. Cette affirmation étonnante a fait le tour de la planète numérique et environnementale, suscitant débats et controverses tout en mettant en doute les calculs du cabinet de conseil Digital Power Group. Selon ce dernier, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) représenteraient 10 % de la production mondiale d’énergie.

Pour arriver à ce résultat, l’étude prend en compte la consommation de données et non pas uniquement la recharge de l’appareil. Relever ses emails, surfer sur internet ou stocker ses documents dans « le cloud » équivaudrait à une consommation de 361 kWh par an quand le réfrigérateur consomme environ 322 kWh sur la même période.

De nombreux experts en nouvelles technologies ont rapidement réagi aux chiffres avancés et se sont montrés critiques quant aux critères pris en compte par l’étude. Ainsi le niveau de consommation de données sur lequel se base l’étude est de 1,5 go par mois quand l’utilisateur moyen consommerait plutôt autour de 200 Mo par mois. Elle ne prendrait par ailleurs pas en compte le fait que de nombreuses « fermes de serveurs » sont alimentées exclusivement par de l’énergie solaire et non par des énergies carbonées. Et, pour « achever » définitivement la crédibilité de l’étude, il convient de souligner que cette dernière est financée par l’Association nationale des mines et la Coalition américaine pour une électricité au charbon propre qui milite pour que l’énergie issue du charbon ne soit pas ignorée aux USA.

Au-delà de la querelle de chiffres et de l’indépendance de l’étude, ce débat a le mérite de s’intéresser à la consommation énergétique des TIC dans le mix énergétique mondial. Les TIC sont en croissance constante et font désormais partie intégrante de la vie quotidienne des professionnels et particuliers. D’un point de vue global, les TIC consomment 1 500 térawatts-heure par an, soit 10 % de la production mondiale en énergie. Soit la production de l’Allemagne et du Japon. Ou, dit encore autrement, l’électricité qui a permis d’éclairer toute la planète en 1985. « On utilise déjà 50 % d’énergie de plus pour faire circuler des octets que pour déplacer tous les avions du monde[Bryan Walsh, [The Surprisingly Large Energy Footprint of the Digital Economy, Time, 14/08/2013]] », rapporte aussi le Time.

Or vu le développement massif des nouvelles technologies et des appareils de plus en plus connectés – certains frigos bénéficient déjà d’un écran tactile et d’une connexion à internet – il va être difficile d’enrayer cette consommation énergétique grandissante. Faudra-t-il déconnecter les utilisateurs dont le smartphone ou la tablette font quasiment partie intégrante de leur personne ? Certains diront que ce serait là une ingérence intolérable dans la vie privée et la liberté des citoyens quand d’autres diront simplement que ce serait salutaire pour l’avenir de la planète et l’espèce humaine… Car au-delà de la question de la consommation énergétique des « fermes de serveurs », cette étude pose la question de l’instantanéité dans laquelle nous (càd ceux qui ont accès à ces technologies…) vivons désormais et donc de ce « besoin » de tout savoir immédiatement grâce à son écran. Est-ce une nouvelle source de bonheur ? Ou une nouvelle aliénation ?